Inspiré de l’humour glaçant de la comédienne suisse, Un album compile des contes de la folie ordinaire entre le rire et l’effroi.
L’humour décalé d’un espace des possibles. Ce royaume se résume au plat pays de quelques mètres de moquette rose où trône un fauteuil Grand Siècle qui pourrait avoir été récupéré dans la réserve des décors du Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Ne vous fiez pas au sourire angélique de cette fille qui déboule sans prévenir en jean et T-shirt rouge.
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Avec Un album, Lætitia Dosch multiplie les incarnations en se glissant sans transition dans la peau de 80 personnages, d’un bébé de trois mois à une grand-mère légume de 96 printemps. Avec les fulgurantes accélérations d’un grand-huit, ce voyage à la rencontre des autres parcourt la sinusoïde d’une inquiétante folie au quotidien qui donne le vertige.
La fameuse Zouc avait ouvert la voie dans les années 1970 à ce rire glaçant renvoyant la foule de ses contemporains au pied du mur du psychiatrique dans sa trilogie L’Alboum, R’alboum et Le Dernier Râle du r’alboum. Confessant un amour immodéré pour la comédienne suisse, Lætitia Dosch fait le pari de revisiter cet humour exempt de pitié qui travaille avec tant d’impudeur sur l’empathie pour son prochain qu’il fait naître le malaise.
Le décalage du regard est contagieux. Effets secondaires : au sortir du spectacle, vous risquez d’avoir l’impression que nombre de ceux qui vous entourent relèvent sans aucun doute de l’hôpital de jour.
Un album de et avec Lætitia Dosch, co-mise en scène et aide à l’écriture Yuval Rozman, regard extérieur Fanny de Chaillé, jusqu’au 5 novembre, Théâtre du Rond-Point, Paris VIIIe
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