A 43 ans, le rappeur tente de se faire une place dans la clique des rappeurs businessmen. Mais bien qu’il vienne d’investir dans Eaze, « le Uber de la weed », il ne place pas toujours son argent là où on l’attendait. Snoop, un investisseur avisé ?
Dans le rap game, Snoop Dogg n’a plus grand-chose à prouver. A 43 ans, Calvin Broadus Jr. de son vrai nom a vendu 40 millions d’albums et peut se targuer d’avoir une des carrières les plus longues du rap U.S. L’année dernière, le magazine Forbes révélait que le rappeur a encore empoché près de 10 millions de dollars notamment grâce aux concerts et à des contrats de publicité. Pourtant, depuis son investissement dans Eaze, une start-up californienne surnommée « le Uber de la weed », Snoop semble embrasser une nouvelle carrière : entrepreneur.
Ces derniers mois, le chanteur s’est fait remarquer à plusieurs reprises pour sa participation financière à divers projets. Comme en octobre dernier, lorsqu’il devient actionnaire de Cuca Fresca, une marque de cachaça brésilienne. Alors que ses pairs font dans le bling-bling – à l’instar de Puff Daddy et de la vodka Ciroc – lui mise dans une boisson à base de canne à sucre qui n’a pratiquement aucune visibilité aux Etats-Unis. “En tant qu’homme d’affaires, je m’engage là où je vois des possibilités d’expansion. Cela en est une,” s’était-il contenté de commenter à la chaîne américaine CNBC.
Un intérêt pour les nouvelles technologies
Mais si le cannabis et l’alcool font partie de l’apanage des rappeurs, cela n’empêche pas le MC d’investir là où on l’attend moins. Récemment, il a commencé à prendre part à des projets du secteur des nouvelles technologies. Ainsi en septembre 2014, il a participé a la levée de fonds de 50 millions de dollars pour la plateforme communautaire Reddit et a investi dans l’application de courtage en ligne sans commission Robinhood. Un tropisme vers le high-tech qui n’est pas si étonnant comme le confiait au site Fast Company Nick Adler, qui conseille le rappeur dans ses investissements.
“Les gens n’ont de lui qu’une seule image en tête, parce qu’ils le connaissent depuis tant d’années. En réalité, il prend le temps de réfléchir et fait les choses posément, qu’il s’agisse d’investir dans les nouvelles technologies ou de participer à une émission de cuisine. C’est ce qui fait partie de son charme.”
Si le chanteur s’affichait déjà, en 2011, aux côtés de Mark Zuckerberg et d’un des fondateurs de feu Napster Sean Parker, cet interêt de Snoop Dogg pour les nouvelles technologies a réellement commencé en 2013.
“Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Nous devions faire nos preuves auprès des industriels et développer des relations avec eux. Nous devions leur faire comprendre que nous étions sérieux. Tu as beau être une énorme star, ça ne veut pas dire qu’ils vont t’accepter comme ça.”
Rejoindre le club
Pour autant Snoop Dogg est loin d’être un cas isolé. Cette propension à élargir son champ d’investissement devient symptomatique des rappeurs américains. Jay-Z, Dr. Dre, Puff Daddy font désormais partie de ceux dont la carrière semble avoir été mise de côté au profit du business. Un phénomène qui peut s’expliquer par la crise de l’industrie musicale mais qui est aussi typique de cette génération de rappeurs, comme l’explique Olivier Cachin, journaliste spécialiste du rap :
“Cette génération de rappeurs a appris de ses aînés. Ils ne veulent pas se faire flouer par des producteurs et prennent les choses en main. Ils ne veulent pas se retrouver comme Granmaster Flash ou Kurtis Blow qui ont fini leur carrière sur la paille.”
Rajouter à cela une absence de complexe très américaine face à la richesse, et il en résulte un nombre grandissant de rappeurs qui se revendiquent entrepreneurs. Si Snoop Dogg semble avoir mis du temps à rejoindre cette caste, pour Olivier Chachin, son arrivée dans ce monde entrepreneurial semble tout bonnement logique. “Il a toujours été très ouvert. Il a produit des films pornos, il a fait de la téléréalité, du cinéma… Il s’est toujours un peu éparpillé, explique le journaliste. Mais je pense qu’à son âge, ça ne lui déplairait pas de devenir l’un d’entre eux. »