Après la fermeture de The Silk Road 2 en novembre dernier et l’arrestation de son auteur par le FBI, un nouveau marché de produits illégaux online vient de naître. Avec de nouvelles offres et de nouveaux enjeux.
Oter au Deep Web ce qu’il a de plus cher était une ambition vaine. Plus d’un million de clients, des milliards de produits disponibles, aucune limitation des achats et un marché monétaire que personne ne régule ? Non Silk Road ne pouvait pas disparaître.
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Le site se trouve dans le Deep web, cette face cachée, parallèle à l’internet que vous connaissez, et qui recèle près de 90 % du contenu du web, inaccessible aux moteurs de recherche traditionnels. Cette “route de la soie” mène tout droit aux plaisirs du consommateur curieux et, bien sûr, un tant soit peu téméraire : drogues par centaines, armes, services de tueurs à gages, faux papiers, billets ou vêtements, tutoriaux pour pirater des distributeurs automatiques, des comptes Twitter, Facebook… The Silk Road est le plus grand dealer d’Internet, les administrateurs se réservant tout de même le droit de censurer la vente de cartes volées ou de pédopornographie.
Mais le FBI s’est rapidement attaqué au site… et le marché noir créé par l’anonyme Dread Pirate Roberts est fermé et rouvert plusieurs fois. La première version naît en février 2011 et dure près de trois ans. La deuxième version, The Silk Road 2, survit un an, de novembre 2013 à novembre 2014. Ross Ulbricht, présumé cerveau du site d’origine, est arrêté par le FBI en octobre 2013.
L’Américain de 26 ans est accusé de trafic de drogues, de faux documents, de blanchiment d’argent et de piratage. Son procès vient tout juste de débuter, ce mercredi 14 janvier. Ross Ulbricht confesse être le créateur du site, mais plaide non coupable. L’administrateur de The Silk Road 2, Black Benthall, a également été arrêté par le FBI, cette fois en novembre dernier.
La revanche des hackers
The Silk Road Reloaded est né le week-end dernier, le 11 janvier 2015. Ce nouveau marché noir d’internet a plus de chances de résister au gouvernement américain et devrait appâter plus de clients, pour deux raisons simples. D’abord, il s’appuie cette fois sur le réseau d’anonymisation I2P (et non plus sur le célèbre TOR), un réseau qui permet aux messages des usagers du marché illégal d’être brouillés et donc moins facilement localisables. Comme TOR, I2P efface l’adresse IP de l’acheteur,en manque de MDMA ou de kalachnikov.
Ensuite, le mode de paiement change aussi. La nouvelle route de la soie ne se limitera plus aux simples bitcoins (1 bitcoin équivaut à 167 euros environ à l’heure actuelle), mais à huit autres devises, dont Anoncoin, Litecoin, Dogecoin ou Darkcoin. En d’autres termes, encore plus d’argent non régulé pour encore plus de transactions. Sur Motherboard, on peut trouver cette déclaration de tendance anarcho-libertarienne laissée par les inventeurs de Silk Road Reloaded :
“Nous avons créé ce site afin de permettre aux activités humaines les plus fondamentales de se dérouler sans entraves. […] Ni nous, ni personne n’a le droit ou le privilège de vous dire ce que vous avez à faire avec qui que ce soit, […] tant que vous ne causez aucun dommage à quelqu’un ou à l’une de ses propriétés.”
Aux Inrocks, nous avions exploré cet été le Deep web et Silk Road dans un reportagecentré sur le trafic de drogues.
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