De son deuxième et audacieux album, Vingt à trente mille jours, on avait dit qu’il lui avait permis de s’affranchir de son rôle de jolie face B du grand Dominique A, son ancien compagnon. Ce qui est important chez Françoiz Breut, ça n’est pourtant pas la première lettre de son nom, mais la dernière de […]
De son deuxième et audacieux album, Vingt à trente mille jours, on avait dit qu’il lui avait permis de s’affranchir de son rôle de jolie face B du grand Dominique A, son ancien compagnon. Ce qui est important chez Françoiz Breut, ça n’est pourtant pas la première lettre de son nom, mais la dernière de son prénom : un « z » complètement artificiel mais diablement libérateur, qui avait montré la chanteuse un tantinet timide sur son premier album (composé par Dominique A), nettement plus dégourdie sur le suivant (écrit avec une ribambelle d’auteurs doués).
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Il n’y a peut-être pas quinze mille styles sur Une saison volée, mais on en trouve quand même beaucoup, l’unique constante étant toujours cette tranquille mélancolie qu’on avait déjà pu remarquer sur les deux précédents disques, ce contraste entre la fraîcheur de la voix et la gravité du propos, le poids du fond et la légèreté de la forme. Et du côté de la forme, que ce soit du trip-hop de Ciudad del mar aux accents rock de La Certitude, ce troisième album ne fait pas comme son nom l’indique : il ne vole aucune saison mais joue les quatre. Automne sur Le Ravin, hiver sur un sublime Over All offert par Herman Düne, printemps sur Une ville allongée sur le dos. L’été, enfin, sur Ultimo, une bien belle ballade composée par Fabio Viscogliosi (auteur de bande dessinée ayant joué au sein de The Married Monk), dans laquelle Françoiz s’essaye à l’italien.
Dans La Boîte de nuit, le morceau le plus accrocheur de l’album, Françoiz chante (très bien) qu’elle est « toutes les femmes » et c’est vrai. Toutes les femmes de la vie sont un peu en elle réunies. Après avoir revisité un titre chanté par Romy Schneider (La Chanson d’Hélène, dans le film de Claude Sautet Les Choses de la vie) et un autre de Peggy Lee (Sans souci), la chanteuse s’attaque ainsi aujourd’hui à Françoise Hardy, et compose une étonnante interprétation du Premier Bonheur du jour.
N’exagérons pas, Françoiz Breut n’a pas non plus recréé une ambiance estivale, et c’est tant mieux. Sa Saison volée ressemble à celles des changements d’heure : des saisons qui ont vu pousser des plantes aussi rares que Smog ou Giant Sand (dont le chanteur Howe Gelb a d’ailleurs dédié une chanson à la demoiselle). Son climat est changeant, ses cieux d’autant plus fascinants.
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