La plateforme de messagerie instantanée, qui fonctionnait encore en Chine, disparaîtra définitivement le 31 octobre prochain. Retour sur les fonctionnalités de MSN d’il y a quinze ans qui influencent encore les applications d’aujourd’hui.
Le dernier wizz résonnera bientôt. Alors que Microsoft avait annoncé en 2012 que la plateforme de messagerie instantanée Windows Live Messenger (ou MSN) allait complètement disparaître, elle continuait à être utilisée en Chine, où c’est le partenaire local de la multinationale, Tom Group, qui distribue le logiciel.
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L’exception touche désormais à sa fin. Il y a deux jours, les utilisateurs chinois de MSN ont reçu un email leur annonçant la fin du service pour le 31 octobre 2014. Ils sont à présent invités à passer sur la plateforme Skype, que Microsoft a acquise en octobre 2011 pour 8,5 milliards de dollars.
L’annonce de la disparition de MSN en Chine fait peu de vagues, vu que Microsoft prépare son remplacement depuis maintenant deux ans. Elle a toutefois un écho nostalgique. En 2009, Microsoft se vantait encore d’avoir 330 millions d’utilisateurs actifs dans le monde (à peu près le même nombre d’utilisateur de Skype aujourd’hui). Un nombre qui a été divisé par trois en moins de 5 ans.
MSN a marqué toute une génération qui découvrait, en 1999, les joies de la messagerie instantanée et le plaisir de redire à son camarade de classe, le soir par écrit, ce qu’on lui avait dit à l’oral l’après-midi en cours. En multipliant les bonnes fonctionnalités, MSN contenait, en un seul logiciel, toutes les applications qui font le bonheur des internautes en 2014. Retour sur 5 d’entre elles.
• La messagerie instantanée
Le chat n’est plus un simple outil de communication, il est devenu une véritable religion. Des « direct messages » de Twitter à l’inbox de Facebook en passant par la messagerie instantanée de Gmail, Google Talk, qui compte plus de 400 millions d’utilisateurs actifs, il est aujourd’hui possible d’échanger des messages écrits sur des dizaines de plateformes différentes.
En 1996, c’est le système de messagerie ICQ qui dominait le marché. Mais deux autres géants se sont rapidement engouffrés dans la brèche : MSN, et le fournisseur d’accès à internet AOL. Lancé en 1997, AOL et sa messagerie, AOL Instant Messenger (AIM), n’a pas vu d’un très bon œil l’arrivée de ce nouvel entrant, bloquant à 21 reprises les tentatives de rapprochement de Messenger. Mais la popularité de l’un a eu raison du succès de l’autre, et les utilisateurs se sont peu à peu ralliés à MSN, lançant un cercle vicieux inébranlable ; moins il y a d’utilisateurs avec qui discuter, moins de nouveaux utilisateurs s’inscrivent, et moins il y a d’utilisateurs avec qui discuter.
• La pluralité des émoticônes
Il n’y en avait qu’une petite quarantaine, mais l’éventail des possibles était déjà infini. Que ce soient une bouche, un cœur brisé ou un smiley qui tire la langue, les émoticônes ponctuaient les conversations MSN comme les émojis remplissent aujourd’hui nos SMS. Quinze ans en arrière, la plateforme de messagerie avait déjà compris que les utilisateurs étaient friands de ces petites images qui remplaçaient allègrement les mots dans des conversations à bâton rompu, formant à elles seules un nouveau langage.
Au bout de quelques mises à jour, il était même possible pour l’utilisateur de dessiner ce qu’il voulait dans la fenêtre de chat, comme on dessine aujourd’hui sur les photos éphémères envoyées sur Snapchat. Les émoticônes ont également plus la cote que jamais. L’application de messagerie Line surfe par exemple sur cette tendance, en permettant à ses utilisateurs d’envoyer des stickers customisés (personnages, animaux, etc.) pour accompagner chaque message.
• La personnalisation de son profil
Si on vous dit « statut », il est probable que vous pensiez à Facebook. Pourtant MSN permettait, bien avant le réseau social de Mark Zuckerberg, d’annoncer à ses contacts ce que l’on avait sur le cœur. Pseudonyme personnalisable, statut modifiable, photo : MSN avait compris que ses utilisateurs voulaient pouvoir exprimer un maximum de choses, et différencier leur profil de celui de leur voisin. Et gare à celui qui recopiait la couleur et le nom de la police d’écriture de son interlocuteur.
• Passer de l’écrit à la conversation vidéo
Il a fallu attendre la mise à jour d’octobre 2001 pour que MSN 4.6 permette à ses utilisateurs de communiquer grâce à un micro, avec ou sans webcam. Si les émoticônes servaient à exprimer un bon nombre d’émotions, rien ne valait les conversations vidéo hachées à cause du bon vieux modem 56k. L’intention était louable, mais l’interface souffrait de lourds ralentissements, qui ont rapidement poussé les internautes à se rabattre sur le petit nouveau Skype, lancé en 2003 et qui n’a eu de cesse de voir son nombre d’utilisateur grandir. C’est d’ailleurs en lui que Microsoft voit le digne successeur de MSN (si un utilisateur télécharge MSN aujourd’hui, il est directement réorienté sur Skype). Mais sa diversification (le modèle payant, qui permet d’appeler des téléphones fixes ou portable et d’envoyer des sms) montre que Skype est plus utilisé pour les conversations orales que les échanges écrits.
• Afficher les chansons que l’on écoute
« Laura écoute Petite Marie de Francis Cabrel ». Certains adorent, d’autres prennent bien soin de décocher la case qui partagera sur Facebook les chansons qu’ils sont en train d’écouter sur Spotify. C’était déjà le cas il y a 15 ans, lorsque MSN proposait d’afficher, dans le statut de ses utilisateurs, le nom de la chanson qu’ils écoutaient en mp3 sur leur ordinateur. A la fois invasive mais prisée de certains internautes, la fonction n’a pas cessée d’être développée sur les nouvelles applications. On peut aujourd’hui partager sur Twitter, Facebook et Tumblr n’importe quelle chanson que l’on écoute sur Deezer ou sur Spotify.
Facebook a même déclenché une levée de bouclier en mai dernier lorsque Mark Zuckerberg a présenté une nouvelle fonctionnalité de son réseau social, qui permet d’accéder au micro du téléphone portable de son utilisateur afin d’identifier ce qu’il écoute (musique) ou regarde (télévision) et le poster directement en statut. On est loin de la petite case à cocher de MSN, mais la plateforme de messagerie avait visé juste.
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