Des galeux dans Gala : insolite vision que celle de VV, sauvageonne boudeuse et sensuelle comme ça ne devrait pas être permis, au bras d’un coquin médiatique dans les pages d’une revue à potins. En la voyant ainsi hors contexte ? loin des habituels cuir noir, lunettes noires, idées noires ?, on aurait pu craindre […]
Des galeux dans Gala : insolite vision que celle de VV, sauvageonne boudeuse et sensuelle comme ça ne devrait pas être permis, au bras d’un coquin médiatique dans les pages d’une revue à potins. En la voyant ainsi hors contexte ? loin des habituels cuir noir, lunettes noires, idées noires ?, on aurait pu craindre un assouplissement des règles martiales et rugueuses des Kills. Mais ils ont bien entendu résisté à toute intrusion de la raison.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour s’en protéger, les Kills ont même, l’an passé, quitté la terre des hommes pour un enfermement malade dans un studio-asile, dans les tréfonds de l’Amérique. C’est là, dans la frénésie, qu’ils ont donné une suite à leur premier opus, l’incandescent Keep on Your Mean Side. Davantage qu’un Compact Disc, leur second album, No Wow, est un disque compact. Brut, intense, dense, sans extras, sans gadgets, sans chichis. Quarante minutes, parce que la messe est dite ? et que la messe est noire.
D’ailleurs, signe que ces incurables fanatiques de rock’n’roll n’ont pas sacrifié leur passion sur l’autel de la modernité obligatoire, leur disque est conçu comme un vinyle, avec une progression patiente mais en deux chapitres : une face A électrique et rêche, qui culmine sur le single inouï The Good Ones. Une sorte de survol en quelques minutes vertigineuses d’une fantastique histoire du night-clubbing new-yorkais, qui emprunterait ses guitares méchantes et sa voix fauve au CBGB et ses beats mécaniques au Studio 54 : la rencontre miraculeuse, comme nous le disait l’an passé Laurence Bell, patron de leur label Domino, entre Suicide et Donna Summer Mais la vraie surprise vient de la libération du groupe, et notamment de la voix de VV, sur l’autre face. Au rock austère, cinglant et fiévreux qui a toujours tué chez les Kills, le groupe ose une tonalité plus sereine, presque lumineuse ? irons-nous jusqu’à parler de pop ?
Car c’est bien à des exercices pervers que se livre ce couple torride, l’Américaine mimant l’innocence pendant que l’Anglais brandit un fouet électrique. On y retrouve l’affolante VV raide dans ses bottes qui, comme celles autrefois taillées par Lee Hazlewood pour Nancy Sinatra, sont faites pour la marche, la fugue, à toutes jambes’
C’est frappant en fin de parcours, notamment sur Rodeo Town qui, tout en respectant la charte rigoureuse des Kills ? une voix avec un couteau sous la gorge, une guitare exorbitée, une boîte à rythmes menacée de tachycardie ?, élargit le champ des possibles. Quand on entend Hotel parler avec une fougue identique de Giorgio Moroder et du Velvet, on a déjà hâte d’entendre leur futur.
{"type":"Banniere-Basse"}