Pendant un an, Kevin Bollaert a publié, sur son site Ugotposted.com, des milliers de photos de jeunes filles dénudées, sans leur autorisation et avec toutes leurs coordonnées personnelles. Il compte plaider non-coupable à son procès en Californie.
En octobre dernier, la Californie adoptait une loi censée enrayer cette pratique qui consiste à publier sur Internet photos et vidéos érotiques ou pornographiques de son ex. Le phénomène touche souvent des jeunes filles ayant un jour envoyé des photos « sexy » à leur copain d’alors, pensant que « nous-deux-c’est-pour-toujours-on-se-fait-confiance« . Des images souvent très difficile à enlever d’Internet, et qui peuvent bien ruiner la vie de certaines femmes.
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Un business de mauvais goût
De cette pratique de mauvais goût, Kevin Bollaert, un jeune habitant de San Diego, avait fait un business. Le parquet de Californie lui reproche d’avoir publié sur son site, Ugotposted.com, 10 000 photos de filles dénudées, entre décembre 2012 et septembre 2013. A la différence des sites « habituels » de revenge porn où les images sont anonymes, les utilisateurs de Ugotposted devaient indiquer les noms, adresses et pages Facebook des filles en question. Parallèlement à ce site, Kevin Bollaert avait créé Changemyreputation.com, plateforme sur laquelle les personnes se sentant trahies par la diffusion de leur(s) photo(s) pouvaient demander, en échange de 250 à 350 dollars, la suppression des images et différentes informations présentes sur Ugotposted.com.
Au total, cette technique aurait permis au webmaster de toucher près de
10 000 dollars, sans compter les 800 à 900 euros qu’il pouvait récolter chaque mois grâce à la publicité (la diffusion d’images porno apporte souvent une forte fréquentation).
Après une enquête de six mois, la justice californienne arrêtait le présumé maître chanteur en décembre dernier. Plus de 30 charges pèsent déjà contre lui, dont celles de « vol d’identité » et d' »extorsion ». Il échappe tout de même à la loi « anti-revenge porn« , puisqu’elle avait été promulguée quelques semaines après la disparition de son site. Kevin Bollaert a d’ailleurs décidé de jouer la repentance : il a fermé le site de son plein gré et dit désormais regretter. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de plaider non-coupable. « Au début, c’était marrant et divertissant, mais aujourd’hui ça a juste ruiné ma vie, avait-il expliqué aux enquêteurs lors d’un interrogatoire. Je me sens mal par rapport à tout ça et je ne veux plus jamais le refaire. Je sais que de nombreuses personnes se sont fait avoir sur le site. Que leurs vies sont en train d’être ruinées. »
2000 mails en un jour
Kevin Bollaert n’ignorait pas qu’il mettait de nombreuses personnes dans des situations dramatiques, il a même avoué avoir reçu des milliers de mails de victimes par jour. Entre le 20 juin et le 26 août 2013, les enquêteurs avaient relevé plus de 2000 mails arrivés sur yougotposted@gmail.com, dont la moitié aurait contenu le mot « remove » (retirer). Une victime écrivait par exemple qu’elle recevait constamment des messages de harcèlement depuis la publication des photos sur le site. Une autre lui écrivait ceci :
« S’il vous plaît aidez moi ! J’ai peur pour ma vie. Des gens m’appellent à mon bureau et ils ont obtenu les informations sur ce site ! Je n’ai donné ma permission à personne de mettre ces photos ou mes informations personnelles. J’ai contacté la police mais ces photos doivent disparaitre ! S’il vous plaît ! »
L’audience préliminaire de Kevin Bollaert est fixée au 17 mars prochain.
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