Un rapport de 191 pages publié par la justice américaine sur la galaxie des sites MegaUpload dévoile l’identité d’un « agent spécial » du FBI : Michael C. Poston. Son rôle dans l’enquête visant Kim Dotcom : « s’infiltrer » en tant que simple utilisateur des sites de streaming et de téléchargement pour décrire à la justice US comment il a pu visionner en tout illégalité « Twilight », « Les aventures de Tintin » et bien d’autres merveilles. De quoi susciter des vocations dans la police.
Le Federal bureau of investigation, le FBI quoi, réalise donc du « j’ai testé pour vous ». Afin de démontrer le caractère illégal de la myriade de sites (Mega Video) créés par Kim Dotcom – de son vrai patronyme Kim Schmitz – l’organisme de police planétairement célèbre a infiltré l’un de ses agents sur… Internet. Le fonctionnaire américain s’est mis dans la peau d’un ado moyen. Enfin dans la peau de l’un des millions d’utilisateurs revendiqués par MegaUpload, 4% de l’Internet se vantait Kim. Le policier veinard a donc été chargé de tester la qualité de Taken et de Twilight. Son nom : agent spécial Michael C. Poston.
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Lundi 23 décembre, le Cour de justice du district Est de l’État de Virginie a publié une arme de guerre juridique de 191 pages contre Kim Dotcom, ses entreprises (Megaupload Limited, Vestor Limited) et ses lieutenants (Finn Batato, Julius Bencko, Sven Echternach, Mathias Ortmann, Andrus Nomm et Bram Van Der Kolk).
Un « résumé de preuves » accumulées par le FBI à partir de l’épluchage d’échanges de mails privés, de conversations Skype et d’informations financières. Le but du document : accélérer l’extradition du gargantuesque Kim Dotcom aux Etats-Unis. Dans cette guerre cyber juridique, un soldat est monté au front. Depuis mars 2010, l’agent Poston a passé des heures et des heures à télécharger et à visionner du contenu théoriquement « protégé par le droit d’auteur ».
Activités clandestines, pas secrètes
Dès la seconde page, le FBI annonce avoir réalisé « des activités clandestines en ligne impliquant les ‘sites Mega’ (appellation qui regroupe principalement les sites Megaupload.com, Megavideo.com et Megaclick.com). » Ces activités « clandestines » ne doivent pas être entendues comme « secrètes ». Il s’agissait plus de réaliser un travail laborieux d’identification, d’inspection, de téléchargement, d’ouverture de comptes premium… Bref, se faire passer pour un simple utilisateur.
Page 6, on découvre l’agent spécial Michael C. Poston. Son nom apparait ensuite 54 fois au cours des 191 pages. Poston travaille depuis cinq ans avec le FBI et se voit « souvent affecté aux investigations sur des crimes touchant aux atteintes des droits de propriété intellectuelle, y compris les violations criminelles du droit d’auteur« .
Le chapitre consacré à « l’infiltration » de Poston précise qu’il a utilisé durant un an un compte premium à 9,99 dollars par mois. Il précise que, en tout, les comptes premium auraient généré 150 millions de dollars de revenus pour ce que le FBI appelle, dans une prose adolescente, la « Mega Conspiracy » (« Mega conspiration »).
Les aventures de Tintin
L’agent Poston a ensuite constaté ce que tout le monde sait déjà, à savoir que de nombreux films à l’époque disponibles sur MegaUpload enfreignaient le droit d’auteur. Il prend en exemple quelques titres, témoignant d’une certaine sensibilité cinématographique, qu’il a visionné en novembre 2011 : Le Seigneur des anneaux, la saga Twilight, Taken, Happy Feet 2, Les Aventures de Tintin, Dungeon Siege 3… Le cyber policier a aussi téléchargé des logiciels comme Ecotect Analysis 2011 dont il chiffre le coût à 1495 dollars et 3DS Max 2012, chiffré lui à 3 495 dollars.
Poston a également « visité » une autre partie moins connue de la galaxie de Kim Dotcom ‘tous controlés par Megaupload.com’, précise-t-il. Y figure les sites : ninjavideo.net, megaupload.net, megarelease.net, kino.to, alluc.org, peliculasyonkis.com, seriesyonkis.com, surfthechannel.com, taringa.net, thepiratecity.org, and mulinks.com.
Désormais, l’agent Poston se tient disposé pour venir témoigner dans un éventuel futur procès. En attendant son éventuelle extradition, Kim Dotcom qui se trouve assigné à résidence en Nouvelle Zélande a réagi sur son Twitter à cette offensive de la justice américaine.
The DOJ turned 7 yrs of all my communications into 191 pages of nothingness. I wonder what 7 yrs of Obama’s communications would reveal :-)
— Kim Dotcom (@KimDotcom) December 23, 2013
« Le ministère de la Justice américain a transformé 7 ans de mes communications en 191 pages de néant. Je me demande ce que 7 ans de communications d’Obama révèleraient :-) »
Une réaction qui semble oublier le méticuleux travail de l’agent Poston.
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