Le désert le plus aride recèle toujours la possibilité d’une oasis. C’est le postulat du roman de Clarice Lispector, La Pomme dans le noir, titre original traduit en français par Le Bâtisseur de ruines. Un paradoxe que l’écriture ne cherche pas à résoudre mais qu’il effleure, envisage sous toutes ses facettes. Une affaire d’intuition. Du crime commis par […]
Un crime, une ferme isolée, deux femmes et un homme, le soleil accablant. Adaptée de l’œuvre de Clarice Lispector, La Pomme dans le noir interroge ce cheminement intime qui conduit à la redécouverte de soi. Et des autres.
Le désert le plus aride recèle toujours la possibilité d’une oasis. C’est le postulat du roman de Clarice Lispector, La Pomme dans le noir, titre original traduit en français par Le Bâtisseur de ruines.
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Un paradoxe que l’écriture ne cherche pas à résoudre mais qu’il effleure, envisage sous toutes ses facettes. Une affaire d’intuition. Du crime commis par Martin (Pierre-François Garel), on ne saura rien, sinon que sa fuite prend la forme d’un voyage qui le mène de Rio de Janeiro à une ferme où la terre suffoque de sécheresse.
Fulgurances
Deux femmes y vivent dans une solitude choisie, Victoria (Dominique Reymond) et Ermelinda (Mélodie Richard), avec un garçon de ferme (Carlo Brandt). La première dirige de main de maître son domaine et le premier objet qu’on la voit manipuler est une arme. La seconde, jeune veuve que tout effraie mais qui vibre dans l’attente d’un événement, arrive sur le plateau avec des roses.
Le théâtre a de ces fulgurances capables de dessiner une psyché à l’aide d’un seul accessoire…
Eclairagiste
Et puisque l’on est entré de plain-pied dans ce puissant paradoxe – imaginer la genèse d’un être dans laquelle la faute précède la traversée de l’Eden et constitue le premier pas d’une initiation –, on ne s’étonne pas que Marie-Christine Soma, longtemps au théâtre avant de signer ses premières mises en scène, nous plonge dans le noir pour pénétrer dans l’univers de l’écrivaine brésilienne.
Dans cette pénombre qui ouvre le spectacle, Martin parle à voix basse, descend les travées de la salle et nous entraîne avec lui là où ses pas le mènent, dans cette ferme écrasée de soleil où il va s’installer, travailler, aimer, chercher des réponses à ce qui a fait de lui un criminel, un étranger à lui-même, un autre en somme qu’il va apprivoiser.
Exclus volontaires
Tout, ici, participe de cette expérience intérieure partagée par chaque protagoniste : quelle forme donner à son destin quand il détourne le cours prévisible de la vie ? Le décor : une palissade de bois courbe qui circonscrit l’aire de jeu à l’avant du plateau, et se déploie, du salon côté jardin, à la resserre de bois où les planches se disjoignent côté cour, pour s’ouvrir sur un chantier agricole, avec ses outils et son tas de terre.
Et les acteurs forment une communauté magnifique d’exclus volontaires, qui se révèlent à eux-mêmes au travers de leur rencontre et nous font entrevoir l’accès fugitif et incertain, mais toujours possible, d’une renaissance.
La Pomme dans le noir de Clarice Lispector, mise en scène Marie-Christine Soma. Avec Pierre-François Garel, Dominique Reymond, Carlo Brandt et Mélodie Richard. Jusqu’au 8 octobre, MC93 de Bobigny. Du 11 au 13, MC2 Grenoble, et du 17 au 21, CDN Tours
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