Le disque du Konono n° 1, Congotronics, débute par une petite pluie de notes qui, d’emblée, plante le décor : un son à la fois précisément découpé et saturé, sorti des lamelles d’un piano à pouce (likembé) pas tout à fait comme les autres, puisque relié par une amplification de fortune à d’antiques haut-parleurs. A […]
Le disque du Konono n° 1, Congotronics, débute par une petite pluie de notes qui, d’emblée, plante le décor : un son à la fois précisément découpé et saturé, sorti des lamelles d’un piano à pouce (likembé) pas tout à fait comme les autres, puisque relié par une amplification de fortune à d’antiques haut-parleurs. A peine a-t-on le temps de goûter à cette source musicale inconnue qu’un attelage de percussions, pour le moins hétéroclites (tam-tam, casseroles, pots, enjoliveurs) se met en branle et fait monter la température de quelques crans. Deux autres likembés entrent dans la transe, tandis qu’un chanteur lead s’époumone dans un mégaphone, escorté de près par un chœur responsif qui joue du verbe comme d’autres de la gâchette.
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Le tout, aussi intuitif que finement pensé, entre huile de coude portée à ébullition et matière grise chauffée à blanc, ne ressemble à rien de connu dans la sphère des musiques africaines, scène congolaise comprise. Le Konono est une sorte de « sound-system D » d’une redoutable efficacité, dont la brutalité sophistiquée marque durablement la conscience. Le son distordu de l’orchestre laisse d’abord à penser que le Konono est une formation récente, montée par quelques jeunots désireux d’en découdre avec la tradition. Erreur : fondé il y a plus d’un quart de siècle par son actuel leader, Mawangu Mingiedi, pionnier et virtuose du likembé amplifié, le collectif est un vénérable aïeul.
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