Quand elle a débarqué, au début des années 90, on a tout de suite aimé cette fille. Crâne rasé, vrai dégaine de punk et regard déterminé, Ani DiFranco offrait, du haut de ses 19 ans, un visage de femme radicalement différent, à mille lieues de l’image douce traditionnellement réservée aux chanteuses de folk. Parlant d’avortement, […]
Quand elle a débarqué, au début des années 90, on a tout de suite aimé cette fille. Crâne rasé, vrai dégaine de punk et regard déterminé, Ani DiFranco offrait, du haut de ses 19 ans, un visage de femme radicalement différent, à mille lieues de l’image douce traditionnellement réservée aux chanteuses de folk. Parlant d’avortement, de difficultés amoureuses (avec des hommes et, le plus souvent, avec des femmes) et existentielles, les chansons de DiFranco regardaient droit dans les yeux, sans jamais ciller. En 1996, quand était sorti Dilate, son septième album, on s’était même dit qu’on ne connaissait pas d’autre fille capable de dire « fuck you » (Untouchable Face) aussi classieusement à l’abruti(e) qui l’avait larguée, comme si elle s’en délectait.
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Sorti sur son label Righteous Babe (DiFranco a toujours refusé les propositions des majors), Knuckle down est son seizième album. Fidèle, elle continue, avec ce son acoustique épuré et ce jeu de guitare percussif qui est devenu sa signature, à décliner inlassablement son univers, disséquant amours lesbiennes foireuses (acerbe Callous) ou douleur de l’absence (le très beau Sunday Morning). Rien de neuf, peut-être, mais le phrasé, unique, mi-parlé mi-chanté, alternance de coups de gueule et de feulements, et l’écriture, acérée, subtile, valent toujours sacrément le détour.
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