Les livres sur appareils mobiles commencent à trouver leur public et le confort de lecture s’améliore. Mais il reste des interrogations sur les catalogues proposés et les contraintes technologiques.
Repérer un passage précis d’un livre de sa bibliothèque via un moteur de recherche, trouver d’un clic les définitions des notions dans son manuel de management, interagir avec l’histoire au milieu d’un roman, le tout pendant un voyage… autant de nouvelles expériences de lecture qui pourraient bientôt devenir possibles grâce aux livres numériques mobiles.
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Le livre numérique, pour mobile ou PC, est encore balbutiant. Paru il y a près d’un an, le rapport Patino commandé par le ministère de la Culture évaluait alors les enjeux de la révolution digitale sur le marché du livre. D’après cette étude, le pays le plus avancé est le Japon, où le livre numérique représente 3 % de l’édition nationale. En France, Hervé Langlois, directeur marketing des éditions Soleil, qui vient de lancer la BD Les Blondes sur iPhone, estime ce secteur encore marginal. Pour Stéphane Leroy, consultant, éditeur et responsable de Zebook, plate-forme d’édition et de vente de livres numériques (lancement prévu mi-juin), “la conjoncture est de plus en plus favorable, il y a un frémissement des usages”.
Ce qui laisse entrevoir un essor du livre numérique, c’est la disponibilité d’appareils de lecture (les readers) plutôt performants. Les tablettes dédiées comme le Sony Reader, l’Iliad d’Irex ou encore le Cybook de Bookeen sont les principaux en France. Tous ont des écrans en papier électronique, au bon confort de lecture. L’ultraportable est un autre support qui favorise le livre numérique. “Ce sont des petits objets transportables très pratiques, sur lesquels il est agréable de lire”, explique Stéphane Leroy.
Enfin, les smartphones et les PDA permettent aussi de lire du texte. L’iPhone, bien adapté à la lecture et dont la technologie permet le développement de pages aisément lisibles, contribue aussi à populariser cet usage. De là à imaginer la disparition des readers au profit d’objets convergents, il n’y a qu’un pas. Pour Stéphane Leroy, on tendrait même “vers des netbooks qui intégreraient deux écrans superposés, l’un en papier électronique, l’autre rétroéclairé”.
Différents types de public s’approprient les possibilités nouvelles offertes par les appareils nomades : les étudiants ou les professionnels, qui peuvent naviguer plus facilement dans des manuels interactifs, les déficients visuels, qui peuvent grossir les caractères à volonté… Hervé Langlois parie quant à lui sur les adolescents et les jeunes adultes fans de BD. Bien qu’ayant “beaucoup plu”, l’opération Les Blondes n’est encore pour lui que “de la recherche-développement, une façon d’entrer dans le champ de vision des 15-18 ans”.
C’est principalement dans (ou entre) les transports que le livre sur mobile serait utilisé. Les études montrent qu’une session de lecture dure de cinq à quinze minutes. Pas de quoi avancer dans Les Frères Karamazov… Ce n’est donc pas la littérature classique qui devrait se développer mais plutôt les livres pratiques, (para)scolaires ou professionnels. Stéphane Leroy penche aussi pour la littérature érotique.
Cette multiplicité d’usages est donc, pour les éditeurs, l’occasion de créer des contenus mobiles plus riches, plus interactifs, permettant de trouver un plaisir de lecture différent. Mais les maisons d’édition sont encore relativement frileuses. Le rapport Patino, qui évoque un possible “basculement massif de l’édition dans le monde virtuel” les aurait fortement inquiétées. “On ne veut pas subir le numérique comme on a l’impression que la musique l’a subi”, explique Hervé Langlois. D’après Stéphane Leroy, “il y a aujourd’hui de la part des éditeurs les mêmes craintes que dans les années 1950 avec l’apparition du livre de poche”.
D’ici à ce qu’éditions papier et numérique cohabitent harmonieusement, demeurent des freins majeurs au développement des livres numériques. Le premier est leur prix. Les nouveautés électroniques sur la boutique en ligne de la Fnac se situent entre 18 et 26 euros, soit à peine 10% de moins environ que pour une édition papier grand format. Stéphane Leroy pense qu’il faudrait plutôt “se situer par rapport au poche” et entend pratiquer des prix autour de 5 euros. Par ailleurs, sur l’iPhone, les éditeurs doivent aussi faire face à Apple, qui impose sa gamme de prix contraignante. Hervé Langlois a dû ainsi fixer l’épisode des Blondes à 1,59 euro car un tarif à 99 centimes n’existe pas pour les livres.
Enfin, il reste difficile de s’y retrouver dans une offre disparate. Gallica (bibliothèque numérique de la BNF), le projet Gutenberg, Google Book Search, Mobipocket, Numilog, Cyberlibris, la Fnac, Relay, Ebooksgratuits… tous proposent des ouvrages à des tarifs et dans des formats différents (PDF, epub, mobipocket…). La diversité des technologies, la nécessité de devoir parfois télécharger au préalable un logiciel d’affichage, ou encore les DRM (mesures de protection anticopie) sont autant d’éléments dissuasifs. Enfin, les formats risquent d’évoluer, les appareils aussi. Pourra-t-on lire d’anciens fichiers sur de nouveaux appareils et vice versa ? L’idéal serait qu’émerge un standard. Porté par Sony et Apple, le format epub semble aujourd’hui le mieux placé pour s’imposer.
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