C’est un jour historique que s’apprête à vivre l’Espagne ce dimanche. Pour la première fois depuis le retour de la démocratie, une région du pays – et non des moindres – appelle ses citoyens à se prononcer par référendum sur l’opportunité de faire sécession. Madrid voit rouge et déploie des milliers de renforts policiers à […]
La Catalogne doit se prononcer dimanche sur un référendum d’indépendance. Si le oui venait à gagner, c’est la plus riche région d’Espagne qui déciderait de mettre les voiles. Madrid a décidé de tout faire pour empêcher sa tenue. Après plusieurs siècles d’appartenance à la couronne espagnole, la Catalogne fait le forcing pour prendre son destin en main.
C’est un jour historique que s’apprête à vivre l’Espagne ce dimanche. Pour la première fois depuis le retour de la démocratie, une région du pays – et non des moindres – appelle ses citoyens à se prononcer par référendum sur l’opportunité de faire sécession. Madrid voit rouge et déploie des milliers de renforts policiers à Barcelone pour empêcher la tenue du vote. Que le référendum ait lieu ou non, la journée du 1er octobre s’annonce pleine d’incertitude.
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Depuis toujours, le séparatisme est au cœur de la vie politique espagnole. Les actes terroristes de l’ETA, au Pays Basque, ont ensanglanté le pays de 1968 à 2011. La Catalogne, qui bénéficia brièvement d’un gouvernement autonome dans les années 30, – la Generalitat – n’a jamais emprunté la voie de la violence. Mais elle se considère comme une nation à part entière au sein de l’Espagne et voit son autonomie définitivement consacrée par la constitution de 1978, avec le retour de la démocratie.
Le nationalisme catalan vit alors des jours tranquille. L’option indépendantiste existe mais elle reste discrète et relativement minoritaire dans la population. La région, et sa capitale Barcelone, se développent considérablement. La Catalogne devient l’un des moteurs économique du pays.
L’étincelle
Tout change en 2010 avec le projet de réforme de l’Estatut, qui vise à revoir et élargir l’ autonomie de la Catalogne. Le tribunal constitutionnel de Madrid rejette le texte, provoquant la colère de la population qui descend massivement dans la rue. Un million de personnes défilent derrière le drapeau rouge et jaune. Depuis lors, le 11 septembre, jour de la fête nationale catalane, est le théâtre de grandes manifestations réclamant l’indépendance de la région vis-à-vis de Madrid.
Il faut dire que la Catalogne est un poids lourd dans le pays. Avec ses 7,5 millions d’habitants, la région représente 20% du PIB national. Déficitaires, les nationalistes catalans estiment que leur région serait nettement plus riche, si 50% de sa fiscalité n’était pas aux mains de l’Etat espagnol. Les régionalistes catalans réclament depuis longtemps un statut proche de celui du Pays Basque, qui gère 100% de sa fiscalité et verse chaque année une quote-part à l’Espagne en fonction des services publics qui sont rendus sur son territoire. Le régime de solidarité avec les autres régions est injuste, estiment les nationalistes catalans, ce qui irritent considérablement le reste de l’Espagne.
Le 27 septembre 2015, les élections régionales donnent la victoire aux partis indépendantistes. Ensemble, les listes « Junts pel si » (coalition de différents partis nationalistes) et « CUP » (liste d’extrême-gauche indépendantiste) obtiennent 72 députés sur 135 au parlement catalan. La victoire n’est toutefois pas aussi nette qu’elle n’y paraît. Car exprimé en voix, le camp du « oui » à l’indépendance n’obtient que 47% des suffrages.
Le gouvernement appliquera-t-il le résultat du vote ?
Cela n’empêche pas le nouveau gouvernement de tenir sa promesse. Deux ans après les élections, il convoque un référendum pour demander à la population de se prononcer sur son avenir. Le gouvernement promet d’appliquer le résultat du vote, malgré les menaces de Madrid, et la réaction du gouvernement central qui a dépêché plusieurs milliers de policiers et de Gardes civils à Barcelone pour empêcher la tenue du référendums.
Le spectre du Franquisme n’est pas loin. Beaucoup, dans les vieilles générations, ont connu cette époque de répression, où parler catalan était interdit. La réaction musclée de Madrid a largement contribué à crisper les positions des indépendantistes. Que le référendum ait lieu ou pas ce dimanche, l’humiliation ressentie par de nombreux catalans ces derniers jours laissera des traces.
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