En Suède, il existe désormais un site de rencontre pour prisonniers. « Nous cherchons tous désespérément l’amour », explique la créatrice du projet.
En Suède un site de rencontre pour prisonnier a été lancé. Prisonmatch aide les détenus à rencontrer leur âme sœur via le net.
La Suède avait déjà surpris avec son vestiaire neutre au Lycée Södra Latin de Stockholm, un projet soutenu par l’association HBQT (homosexuels, bisexuels, queer, transgenre) de l’école. Le pays est pionnier dans les mesures sociales innovantes et progressistes. Mais la Suède est surtout championne dans les conditions de détention de ses prisonniers. Avec plus de 6 000 condamnés détenus, le pays favorise le traitement et la réinsertion plutôt que l’enfermement. C’est dans cette optique qu’une idée surprenante a vu le jour : Prisonmatch. Un site de rencontre suédois qui facilite le contact entre détenus et personnes de l’extérieur.
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Les prisonniers n’ayant pas accès à internet, le site s’engage à faire la navette entre eux et leur alter ego. Il transmet par lettre ce qui a été écrit sur le compte du détenu. Une fois que celui-ci répond, Prisonmatch poste la réponse à sa place. Pour les personnes hors prison, l’adhésion est gratuite, alors que les condamnés paient 200 euros par an de droit d’inscription.
Le règlement est clair. Tout le monde peut s’y inscrire, sauf les condamnés pour viol ou pour pédophilie. Par contre, les meurtriers sont acceptés. « Nos membres ont tous plus de 18 ans et, si l’on choisit de contacter un meurtrier, c’est un choix délibéré de la personne », précise la fondatrice Valbona Demiri dans le quotidien Göteborgs-Posten. « Il y a pas mal de personnes qui dépassent la barrière de la prison, quand il s’agit de rencontrer quelqu’un. Le site est géré par des règles strictes. Le service de probation et d’insertion de la prison décide si le détenu et la personne rencontrée peuvent se retrouver pour un rendez-vous », ajoute-t-elle.
Un succès mitigé
Créé dans le courant de l’année 2013, le site de rencontre possède aussi un compte Twitter et une page Facebook.
Pour l’instant, le succès du site est mitigé. Interrogé par le quotidien Göteborgs-Posten, un professeur de criminologie suédois, Leif G.W. Persson, émet des doutes quant à l’intérêt de ce genre de site pour les personnes en liberté. « Ce ne sont pas exactement des Justin Bieber qui sont incarcérés », constate-t-il. Aux critiques que le site a pu recevoir en Suède, la fondatrice rétorque : « Nous cherchons tous désespérément l’amour, que nous soyons en liberté ou en prison. »
L’amour peut-être, mais « Prisonmatch permet surtout aux prisonniers de rompre leur isolement et de recréer du lien social », explique Robert Cario, professeur et coordinateur du master de criminologie à l’université de Pau. « Il ne faut pas regarder l’initiative dans une optique fermée. Au contraire, ça peut être très sérieux. Ces démarches sont encadrées par des professionnels pour éviter toute dérive. »
Robert Cario conclut : « L’idée d’un site de rencontre sur le modèle de Prisonmatch n’est pas complètement aberrante, et pourrait voir le jour en France. Pourquoi pas ?«
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