A l’occasion de l’ouverture du 43e Midem, Rue89 et Les Inrockuptibles s’associent pour une grande enquête en quatre volets sur l’industrie musicale française. Une semaine après la promesse d’iTunes de supprimer ses DRM, le point sur la mort annoncée du CD, le combat des majors pour survivre, les nouveaux acteurs et la musique bientôt gratuite.
Le refrain passe en boucle: « L’industrie musicale française est sinistrée. » Depuis cinq ans, les majors ont vu leur chiffre d’affaires s’écrouler, divisé par deux. Leurs effectifs et leurs budgets, diminuer comme peau de chagrin. Selon le Syndicat national de l’édition musicale (SNEP), le nombre de salariés permanents du secteur a été réduit de moitié depuis 2003. Les ventes de CD ont chuté de 14% en 2008 selon l’institut statistique GFK, qui calcule les chiffres de l’industrie de la musique. Le SNEP avance, lui, un chiffre un peu supérieur, « de 15 à 20% », selon Hervé Rosny, son président. Les bénéfices TTC des ventes de CD sont, cette année, passés, selon GFK, sous la barre symbolique du milliard d’euros: de 1,066 milliard en 2007, à 914 millions d’euros cette année, avec 66,6 millions de disques vendus.
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Le single, victime du téléchargement illégal
La crise est bien réelle, et pourtant, la musique n’a jamais autant été consommée. L’assassin notoire du CD, c’est bien sûr Internet, et ses possibilités infinies et gratuites de diffusion, téléchargement et reproduction. Pour GFK, selon des études basées sur des déclarations de consommateurs, le téléchargement illégal n’aurait pas tendance à augmenter.
« Mais cela reste l’une des principales causes de la baisse du marché », nous indique Laurent Pâtissier, responsable musique de l’institut. Car le téléchargement légal n’affecte, pour le moment, que très peu l’industrie du disque. Même s’il est en nette progression, avec un chiffre d’affaires de 65 millions d’euros en 2008. Soit une progression de 70% par rapport à 2007 :
« Cette croissance n’est pas encore assez rapide. L’annonce d’iTunes faite début janvier [sur la suppression des mesures anti-copie] promet cependant de dynamiser le marché. On s’attend à un fort développement en 2009. »
Vinyle, cassette, CD, puis Internet. Depuis trente ans, l’industrie musicale a encaissé les révolutions technologiques, douloureusement. A chaque fois, il a fallu laisser aux différents acteurs le temps de s’adapter. « Au début, l’industrie musicale a lutté contre le CD », rappelle Olivier Hascoat, DG de MySpace France. « On pensait que le son analogique était meilleur. »
Un comble: les distributeurs ne voulaient pas changer la largeur des bacs dans les magasins, adaptés aux vinyles. « Puis l’industrie s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup d’argent à se faire avec le CD, en passant du tube à l’album ». A partir du milieu des années 80, l’ensemble du « music business » s’est replacé sur un marché rapidement dominé par le Compact Disc, jusqu’au début des années 2000.
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