Quatrième volet de l’enquête lesinrocks.com/Rue89 sur l’état de l’industrie musicale française. Aujourd’hui : la gratuité légale est-elle possible ?
Une semaine après la promesse d’iTunes de supprimer ses DRM, nous avons fait le point sur la mort annoncée du CD, le combat des majors pour survivre, les nouveaux acteurs. Aujourd’hui se pose la question de la musique gratuite.
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Ecouter de la musique, comme on respire, gratuitement et sans limite. C’est le rêve de tout mélomane, aussi celui de Borey Sok, blogueur et auteur du livre « Musique 2.0 »:
« Je ne comprends pas pourquoi nous devrions payer pour de la musique, alors qu’on ne paye pas pour regarder Julie Lescaut, la pub paye pour nous« .
Sur Internet, deux modèles financés par la publicité existent.
Le « streaming » permet d’écouter de la musique en ligne, gratuitement, sans télécharger. Le site Deezer, fondé par deux Français, Daniel Marhely et Jonathan Benassaya, est le chef de file du modèle. Deux ans après sa création, Deezer est traduit en seize langues et compte quatre millions de membres mais son modèle économique est encore fragile. Le site, qui a signé un accord avec les majors et 3500 indépendants ainsi qu’avec la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), reverse de l’argent aux artistes, à chaque écoute. « 6 à 8% de nos revenus publicitaires« , explique Jonathan Benassaya, cofondateur du site.
Mais, sur le premier semestre 2008, le site n’a rapporté à la Sacem que 70 000 euros de recette, soit quelques centimes par ayant-droit. Les recettes publicitaires sont encore trop faibles, pour satisfaire l’industrie. « Je ne crois pas que Deezer pourra continuer à vivre sans passer par un système d’abonnement« , confie Pascal Nègre, PDG d’Universal Music. L’année prochaine, le site va développer le couplage publicitaire audio et affichage. Un spot publicitaire sera accolé au titre. L’année 2009 sera décisive.
Le modèle d’Airtist va encore plus loin. Le site propose lui de télécharger des MP3 gratuitement, après avoir visionné une publicité de quelques secondes, en plein écran. « La possession est une attitude très latine et pas du tout anglo-saxonne. Ces deux types d’offres [Deezer et Airtist] peuvent coexister« , assure Laurent Magnin, cofondateur du site. La plateforme compte aujourd’hui 125 000 internautes et 3000 artistes:
« C’est parti du constat qu’il n’y avait aucune offre légale et gratuite, financée par la pub, sur le modèle de la télévision ou de la radio. »
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