Le site de partage de liens BitTorrent a déclaré déménager en Corée du Nord avant d’avouer nous jouer un vilain tour.
L’annonce avait surement tout d’une blague. Mais survenant seulement quelques jours après la mission de « diplomatie du basket » de l’ex-joueur de NBA Dennis Rodman en Corée du Nord et l’ouverture du pays à Instagram (voir ici), on pouvait raisonnablement croire que The Pirate Bay s’installait au pays de Kim Jong-un. Dans un post de blog publié le 3 mars, l’annuaire de liens BitTorrent expliquait :
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« The Pirate Bay a été persécuté dans plusieurs pays du monde. Non pour ses activités illégales mais pour sa croyance en la liberté d’information. (…) Nous pouvons annoncer aujourd’hui que nous avons été invités par le dirigeant de la République de Corée du Nord à mener nos batailles depuis leur réseau. (…) C’est une situation véritablement ironique. Nous nous battons pour un monde libre, et nos opposants sont majoritairement de grosses compagnies américaines, un endroit où la liberté et la liberté d’expression sont soit-disant importantes. Dans le même temps, les compagnies de ce pays persécutent un concurrent d’autres pays, soudoyant la police et les législateurs, menaçant les partis politiques et pourchassant nos membres. Et c’est un gouvernement connu pour verrouiller les pensées de ses citoyens et leur interdire accès à l’information qui nous vient en aide. »
Plusieurs sites spécialisés, dont Torrent Freak, rapportaient que l’itinéraire du serveur du site passait effectivement par la Corée du Nord. Mais certains affirmaient que l’itinéraire avait été falsifié, intentionnellement ou non, afin de nous faire croire qu’il passait par la Corée du Nord. Pour Le Monde, le serveur était en définitive hébergé en Allemagne. Beaucoup s’accordaient, en tous les cas, à dire qu’il était installé quelque part en Europe. L’utilisation, dans le post du blog, du terme « ironique », la signature du billet par un certain « Kim Jong Bay », l’absence d’Internet libre en Corée du Nord et le fait qu’ils aient déjà fait croire qu’ils y déménageaient le 1er avril 2007 laissaient penser que les membres de The Pirate Bay, connus pour être de sacrés farceurs, nous jouaient un mauvais tour.
Le fin mot de l’histoire
Ce sont les pirates eux-mêmes qui ont mis fin au suspens, en publiant aujourd’hui un texte sur leur profil Facebook, assorti d’une photo maladroitement photoshopée montrant l’un des membres en compagnie de Kim Jong-un et de militaires ébahis (voir la photo ci-dessus). Avec un ton ouvertement moqueur et passablement suffisant, ils déclarent avoir « appris quelque chose aujourd’hui« :
« Nous connaissons Internet bien mieux que nos ennemis [une démonstration de force pour contrecarrer leur propre piratage par un hackeur en 2010 ?, ndlr]. Dans la mesure où environ 40% du trafic consiste en des liens que l’on active, on peut presque dire que nous SOMMES les Internets. Merdez avec les Internets et nous vous ridiculiserons (on vise la MAFIAA [Association de l’industrie cinématographique et musicale aux Etats-Unis, ndlr] avec une matraque télescopique) jusqu’à que vous nous suppliez de vous épargnez.(…) Nous pouvons faire cette blague car nous sommes toujours là-dedans pour le putain de lol et on s’en fiche si des milliers d’utilisateurs quittent le navire. Nous avons également appris que beaucoup d’entre vous ont besoin d’être plus critiques. Même envers nous. Vous ne pouvez pas sérieusement vous réjouir du « fait » que nous déménagions nos serveurs dans la sanglante Corée du Nord. Nous applaudissons ceux qui nous ont dit d’aller nous faire foutre. Gardez un esprit critique. Envers tout le monde ! »
Leur objectif ? A priori, faire parler d’eux et attirer du même coup l’attention sur leur difficulté à trouver un hébergement permanent. Fin février, sous la pression d’une coalition d’ayants droit, le Parti pirate suédois a lâché le site, qu’il hébergeait depuis trois ans, et qui a, depuis, trouvé refuge auprès des Partis pirates norvégien et espagnol… mais jusqu’à quand ?
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