Neil Young plus éternel que jamais, le Wu-Tang Clan ressuscité, George Clinton peu inspiré, Kavinsky complétement débridé, Biarritz en été… On était au BIG Festival, on vous raconte.
L’événement : Neil Young & Crazy Horse
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Jeudi soir, un peu avant 23h, un homme en noir pointe le bout de sa guitare sur l’imposante scène installée dans l’en-but du stade Agulera. Terre promise de ce premier soir d’été à Biarritz : Neil Young et son répertoire sans âge pour ce qui s’annonce comme l’événement de cette cinquième édition du Big Festival. Devant une foule compacte et émerveillée, le vieux Neil démarre son set dans la fureur et l’électricité. Le chapeau noir vissé sur son crâne laisse échapper quelques cheveux blancs qui flottent au vent. Sur sa droite Frank Sampedro et le Crazy Horse accompagnent la cavalcade du guitariste sans aucun répit. Deux heures et demie durant, le groupe ainsi reconstitué enchaînera grandeurs rock et vibrations blues devant un public plus observateur qu’extatique. Love And Only Love, Powderfinger, Walk Like A Giant, Hole In The Sky, Neil Young, 67 ans au compteur, s’amuse à raviver les contours de sa légende jusqu’à se confronter confronter au Blowin’ in the Wind de Dylan. Quelques instants auparavant, les premiers souffles d’harmonica étaient déjà venus tirer les larmes du public sur une version émouvante de Heart of Gold, capturée par des dizaines d’Iphone tendus haut dans le ciel d’Aguilera. Alors que Surfer Joe et ses solos acides tentent de nous conduire vers la fin du set, un rappel délirant (Mr. Soul puis Hey Hey My My) rapatrie tout le monde en 1979. A l’époque, Neil Young prévenait déjà avec l’album Rust Never Sleeps. Presque trente-cinq années ont passé, et la légende (bien vivante) semble toujours inoxydable. La rouille attendra.
Le WTF : B.O.S.S Soundsystem feat. JoeyStarr
Cette année le BIG Festival dévoilait sa programmation de nuit dans la halle d’Iraty (transformée pour l’occasion en BIG Boîte), à quelques minutes de voiture du stade Aguilera. Jeudi soir, après Neil Young, et sans aucun sas de décompression, on arrive en plein milieu du set foutraque de B.O.S.S. Le crew est emmené par un JoeyStarr complètement désinhibé qui multiplie les danses, les hurlements et les rires de Gargamel à gorge déployée. En fond sonore, un zapping musical plutôt indigeste tente des traits d’union improbables entre Ludacris et Kassav’. Les chansons durent entre cinq et quinze secondes. La patience du public une bonne vingtaine de minutes, avant que les sifflets du public ne précipitent Kavinsky aux platines.
La simple apparition de sa silhouette en bord de scène aura suffit à déclencher une des plus grosses ovations du week-end. Sans même jouer la moindre note, Kavinsky s’était déjà emparé des cerveaux de la halle d’Iraty. Radical et techno, le set du dj originaire de Saint-Denis n’a pas fait dans la dentelle. Et c’est tant mieux. On avait peur d’assister à une promenade electro-pop inspirée de Nightcall et étirée sur toute la longueur de son passage mais Kavinsky a préféré martyriser les enceintes à grand renfort de remixes aussi obsédé que jubilatoires. La sono a cramé au bout de vingt minutes avant de renaître de ses cendres pour une version tarée de Get Lucky et un remix effrayant du Black Skinhead de Kanye West. L’ovation prématurée était finalement méritée.
On les avait quitté un peu lourds et patauds au mois de mai lors du festival Primavera. Les raooeurs du Wu-Tang sont apparus en bien meilleure forme vendredi soir à Biarritz. Beaucoup d’entrain et un spectacle interactif avec une grosse poignée de tubes parfois repris en intégralité par un public connaisseur (C.R.E.A.M, Protect Ya Neck). On a également vu le dj enlever ses chaussures et scratcher avec ses pieds (au sens propre ! ). En fin de concert, on notera aussi l’hommage vibrant rendu à ODB – membre fondateur disparu il y a neuf ans déjà.
La découverte : The Dedicated Nothing
Groupe local mais plus pour longtemps, Dedicated Nothing ouvre le bal samedi soir, dans un stade Aguilera encore clairsemé. Alléché par le réjouissant ep Running Away, on avait hâte d’en savoir plus sur ce groupe qui place une nouvelle fois Biarritz sur la carte du rock hexagonal après la révélation La Femme. Aucun mimétisme entre les deux groupes cependant. Au psychédélisme bricolo rigolo du premier répond ici une pop rock plus conventionnelle mais sacrément bien foutue. Guitares flamboyantes, lyrisme habité du chanteur (on pense parfois à Ian Curtis), compos courtes et carrées. On devrait très vite reparler de ces jeunes gandins, sorte de revers sombre et exalté de Revolver.
Les héros : Two Door Cinema Club
Dans la foulée, on se réjouit de revoir pour la énième fois les Two Door Cinéma Club, dont le second album confirmait récemment tous les espoirs placés en eux il y a deux ans. Quoiqu’Irlandais, on jurerait que ce groupe vient d’Ecosse, tant il est le digne héritier d’une pop ligne claire canonisée par le label Postcard à l’amorce des 80’s (Orange Juice, Joseph K). Ce n’est plus un concert, c’est un best of, une succession de tubes instantanés, une incandescence mélodique de tous les instants qui fait sautiller la jeunesse basque sur la pelouse jalousement bâchée du stade.
On se précipite à la Big Boîte salle Iraty, juste à temps pour assister… au dernier morceau du mix de Chateau Marmont. Une véritable invitation au voyage qui confirme l’enthousiasmante impression laissée par The Maze fort récemment, soit une electro fortement teintée de pop et d’influences cinématographiques (l’immense François de Roubaix). Vite, à revoir dans la longueur.
Il n’aura échappé à personne que le funk était à nouveau au top de la hype depuis le sacre de Get Lucky de Daft Punk et le retour en grâce de ce vieux birbe de Nile Rogers. On se faisait une joie de (re)découvrir une autre icône absolue du genre, George Clinton, cerveau en chef du mouvement P-Funk à la fin des 70’s avec les redoutables machines à danser Funkadelic et Parliament. Las, les ravages du temps ont clairement émoussé les engrenages. Pénible impression d’une longue jam session par de vieux requins de studio qui n’ont plus rien à prouver depuis des lustres. Épouvantables solos de guitares hard FM par une espèce de vieux biker en plein trip Easy Rider, voix approximatives et rythmique pataude (un comble!), c’est ce qui s’appelle un flop dont on ne retiendra curieusement qu’une cover plutôt réussie du Beggin ´ de Frankie Valli.
Derrière cette arthritique prestation, pas difficile pour le DJ français Breakbot, un des fers de lance de l’écurie Ed Banger, de remettre tous les festivaliers en selle. Sorte de clone maigrichon de Sébastien Tellier mâtiné de Jesus néo-hippie (cheveux longs,visage émacié, costume blanc). Thibaud Berland (de son vrai nom) fait le job avec sa funk electro furieusement hédoniste. On parlait plus haut du coup de maître Get Lucky de Daft Punk. L’occasion de rappeler que c’est bel et bien le Baby I’m Yours de Breakbot qui a remis l’an dernier le funk au centre de l’electro. Version un chouïa déceptive cependant de ce tube en or massif, qui manquait de niaque et d’âme. Abus d’Irouleguy au dîner, peut être. Bah, on pardonne sans problème ce mini faux pas final.
Les pieds (et les fesses) dans l’eau. Ou presque. Une intrigante bâche bleue protégeait la pelouse du stade Aguilera tout le week-end histoire de rappeler qu’ « ici c’est l’ovalie », et que le rugby reprendra ses droits dans moins d’un mois avec la reprise du Top 14. « Aupa B.O ».
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