Du 18 au 21 juillet se déroulait le festival gratuit Fnac Live. En plein centre de Paris, sur le Parvis de l’Hôtel de Ville ou dans le Salon des Arcades, on a vu défiler Palma Violets, Albin de la Simone, Miles Kane, Oxmo Puccino, Villagers ou encore Agoria. On vous raconte.
Les héros : Palma Violets
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On redoutait le passage des Anglais sur une grande scène, en plein jour, devant un public n’ayant qu’une vague idée de qui ils étaient. Erreur : les Palma Violets sont aussi brillants en festival que dans les clubs moites dans lesquels on avait jusqu’à présent pris l’habitude de les voir. Parfaite association de malfaiteurs – un batteur métronome et au bord de l’apoplexie, un clavier imperturbable, un guitariste classieux et un bassiste piqué par la mouche tsé tsé –, le groupe a le diable, celui d’un rock crade, idéaliste, vecteur de joie et de rage. On pense aux Libertines, évidemment, mais pas que : portés par les voix et l’alchimie fascinante qui règne entre Chilli Jesson, bassiste fou qu’on situera entre Iggy Pop (pour les déhanchements), Tom McClung de WU LYF (pour la fureur touchante) et Taz (pour le côté tourbillon incontrôlable), et Sam Fryer, guitariste lunaire à l’allure de poète déchu, les quatre gamins jouent fort, juste et ample, occupent chaque recoin de la scène – et de la fosse où Jesson passe le plus clair de son temps – avec un spectacle bâti pour conquérir les foules. On hurle Best Of Friends, Rattlesnake Highway, We Found Love et Brand New Song comme eux les chantent : comme si leur vie en dépendait. Une énorme leçon live par un groupe qui ne sait pas faire les choses à moitié.
La surprise : Albin de la Simone
On ne savait pas trop à quoi s’attendre en apprenant qu’Albin de la Simone jouait dans le Salon des Arcades de la mairie de Paris. Evidemment, on aurait pu googler la chose (on vous donne d’ailleurs un coup de pouce : le Salon des Arcades, c’est ça) mais justement, les surprises, on aime bien ça. Et ça n’a pas loupé. En marge des concerts sur le parvis, quelques rendez-vous étaient organisés dans ce salon rococo – des concerts de poches, en formation réduite, en petit comité. C’est ainsi qu’on a assisté au concert d’Albin de la Simone, dans cette ambiance si particulière. D’abord seul au synthé, puis rejoint par une violoniste et une violoncelliste, Albin joue surtout les morceaux de son récent album, le sobre et beau Un homme, qu’il espace de quelques blagues bien senties. Gentleman décalé, faux loser qui en joue, vrai chanteur littéraire, Albin de la Simone est un personnage : comme ses chansons un poil blessées, il a ce charme léger qui accroche, retient, piège l’attention – c’est comme une mélodie dorée qui reste en tête, dont on n’arrive pas à se défaire. Ce fut un concert intimiste exceptionnel.
Les petits chatons : Villagers
Villagers, c’est avant tout Conor O’Brien, soit un petit mètre cinquante de douceur folk et de timbre habité venu d’Irlande. C’est donc avec joie qu’on l’a retrouvé sur la scène du Fnac Live sous le soleil brillant. Intercalant avec grâce les titres de son premier album, Becoming A Jackal, avec ceux de {Awayland} sorti en début d’année, le jeune homme entouré de son groupe rodé a répandu ses boucles folk désarmantes devant un parterre de têtes émues. Ce qui frappe pourtant, c’est le contraste entre la bienveillance de O’Brien, le sucre de ses mélodies et l’âpreté de ses paroles. On ne se doute de rien mais l’Irlandais souffle le poison sans en avoir l’air. Qu’importe, il a brisé le cœur des spectateurs, autant qu’il l’a comblé.
Le WTF : Agoria
Ah bah bravo Agoria, t’en a mis un sacré bordel sur le parvis de l’hôtel de ville. Des milliers de personnes en train de danser n’importe comment, autant de bouteilles qui jonchent le sol de partout, une odeur suspecte qui se répand dans la foule, et puis ces pauvres policiers qui tournent en rond, ne sachant trop que faire sinon attendre que cette musique du diable ne s’arrête. En vrai, il fallait bien s’y attendre : foutre le bazar là où tu passes, c’est devenu ta spécialité depuis pas loin de quinze ans maintenant. Mais ça fait quand même drôle de voir le plein centre de Paris comme ça, en mode grosse teuf, depuis la rue de Rivoli jusqu’aux quais. Ca fait drôle, oui, mais franchement : ça fait plaisir aussi. On a vu des touristes ouvrir grand les yeux. Ils avaient l’air choqué.
La classe : Oxmo Puccino
Aveux honteux : on n’avait jamais vu le parton Puccino en concert. L’erreur est désormais réparée puisque c’est après Miles Kane que le rappeur français a dégainé ses titres devant un public gaga et plutôt très impressionné. Oxmo Puccino à la classe ultime, un petit détail en plus (le charisme en fait), véritable arme de destruction massive qui fait qu’il peut tout se permettre, même un « quart d’heure américain » où il reprend Dr Dre. Aussi grave que jovial, généreux qu’affûté, entouré de son groupe à la fluidité et la puissance imposante : le maître Puccino a raflé la palme de l’élégance rythmique. L’Artiste, c’est lui.
La découverte : Lisa LeBlanc
Valeur montante au Canada, Lisa LeBlanc débarque de son Nouveau-Brunswick natal pour faire sourire la France. Avec son mélange artisanal de chanson et de musique trad nord-américaine, elle braille de sa voix puissante (et avec un accent à couper au couteau) des textes dont on ne sait pas toujours quoi faire. Faut-il en rire ? Faut-il pleurer ? Son Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde a, quoi qu’il en soit, quelque chose de déjà culte. C’est le genre de chanson qu’on fredonne entre potes en riant, qui devient running joke dans les soirées joyeuses, qu’on retrouvera peut-être un jour dans une pub un peu conne. En attendant, profitez donc du premier album de Lisa LeBlanc, cette balade familiale pour paysages champêtres.
Le rockeur de diamant : Miles Kane
Le jeune Miles Kane a bien grandi : depuis The Rascals, Last Shadow Puppet avec son poto Alex Turner d’Arctic Monkeys et son premier album solo, Colour Of The Trap, le Liverpuldien a fait ses classes de rockeur tout terrain et pris une assurance affolante. Petit frère spirituel de Liam « Fookin » Gallagher, dont il a assuré les premières parties pour Beady Eye, Kane ne joue plus simplement ses titres : il les incarne quitte à en faire des caisses, se pose en sauveur d’un rock old school au gros son, parfois un peu daté – on n’a bien du mal à suivre les titres de son second album auquel au préfère largement le premier. Des ballades plus calmes aux tubes pour stades (Come Closer, Inhaler), le scouse assure un show sans faute et se met le public dans la poche en moins de temps qu’il n’en faut pour évoquer le fashion faux pas commis ce soir-là : un costume à fleurs qu’on croit tout droit sorti de Austin Powers que seul Miles Kane pouvait assumer.
La phrase
« On peut parler du costume de Miles Kane ? », phrase la plus prononcée pendant le concert de ce dernier.
La photo
Chilli de Palma Violets escaladant la foule.
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