C’est en sifflotant Jolie Poupée, mégatube de Bernard Ménez en 1983 qu’on rejoint ce dernier en haut des Champs-Elysées. Passionné de cyclisme depuis l’enfance, il a accepté de précéder avec nous les coureurs du Tour, attendus là le 21 juillet. “Avant, tout le monde rêvait d’être Louison Bobet, Jacques Anquetil, Raymond Poulidor ou Bernard Hinault. […]
C’est en sifflotant Jolie Poupée, mégatube de Bernard Ménez en 1983 qu’on rejoint ce dernier en haut des Champs-Elysées. Passionné de cyclisme depuis l’enfance, il a accepté de précéder avec nous les coureurs du Tour, attendus là le 21 juillet. « Avant, tout le monde rêvait d’être Louison Bobet, Jacques Anquetil, Raymond Poulidor ou Bernard Hinault. Aujourd’hui, qui a envie d’être… comment déjà ? Christopher Froome ? », se désole-t-il, sans se départir de son habituel air débonnaire qui le rend si attachant.
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Avec Hinault, justement, il partage l’affiche d’un remarquable (et remarqué) court métrage, Le Quepa sur la Vilni ! de Yann Le Quellec, prix Jean-Vigo 2013, sélectionné à la dernière Quinzaine des réalisateurs, et attendu en salle en novembre. Dans cette comédie loufoque, sur les traces de Jacques Rozier (à qui Bernard Ménez doit ses deux plus grands rôles : Du côté d’Orouët et Maine Océan), l’acteur interprète un facteur à la retraite. Le maire de son village (le chanteur Christophe) lui confie une mission de la plus haute importance : conduire une équipe de cyclistes amateurs sur les routes des Corbières pour promouvoir la salle de cinéma flambant neuve du patelin. Et en chemin, ils croisent le fantôme de Bernard Hinault… Tordu ? Oui, et tout aussi tordant.
Alors que nous nous mettons en quête d’une paire de Vélib’, il sort de sa poche un petit étui métallique duquel, lorsqu’il tourne une molette, sort délicatement une carte de visite. Y est inscrit : « Bernard Ménez – Artiste à vocations multiples ». Sa « carrière à vocations multiples » est en effet passée par le cinéma, le théâtre, et la musique, plus un peu de politique au début des années 2000, par laquelle il espérait, avec son mouvement La France d’en bas, attirer l’attention sur les plus démunis. Sitôt assis sur l’engin, nous entendant fredonner ( » oh oh oh, jolie poupée, tu me fais rêver »), il emmène direct du gros braquet : « Ah, il ne se passe pas une journée sans que je l’entende dans mon dos ! Tu sais que j’ai été numéro 1 au hit-parade de l’époque, devant un certain Michael Jackson qui lui était numéro 3 avec Thriller. Il en est mort le pauvre. » Boum.
Après quelques tours de pédalier hasardeux, Bernard prend ses aises et slalome entre les badauds. Certains l’arrêtent, demandent à être pris en photo avec lui. Devant le Fouquet’s, Robert Hossein le reconnaît et le salue. Pendant ces quelques minutes, les Champs lui appartiennent. « Quand j’étais gosse, je faisais mes 150 kilomètres dans la journée, avec un petit vélo sans dérailleur. J’avais des dispositions, mais mon père, pour ne pas ruiner mes études, n’a pas voulu que j’en fasse en club. Plus tard, j’ai rencontré pas mal de gens du milieu, notamment Hinault… En 1993, j’ai même été sollicité pour être mascotte de l’équipe de France aux championnats du monde à Oslo ! » Cette année-là, le vainqueur fut un jeune coureur prometteur. Son nom : Lance Armstrong.
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