Une narratrice anonyme raconte sa relation incestueuse avec son père, de l’enfance à l’âge adulte. Un document authentique, selon l’éditeur. Pourtant, on a vite la sensation qu’il s’agit d’une construction littéraire, en particulier parce que les pensées prêtées à la petite fille semblent plus imaginées que probables et que certaines scènes relèvent du fantasme. Du […]
Auréolé d’un buzz made in USA, un prétendu témoignage d’inceste qui semble plutôt relever de la fiction.
Une narratrice anonyme raconte sa relation incestueuse avec son père, de l’enfance à l’âge adulte. Un document authentique, selon l’éditeur. Pourtant, on a vite la sensation qu’il s’agit d’une construction littéraire, en particulier parce que les pensées prêtées à la petite fille semblent plus imaginées que probables et que certaines scènes relèvent du fantasme.
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Du coup, on s’interroge sur cette volonté éditoriale d’asséner qu’il s’agit d’une vérité. L’éditeur français prévient que le livre “pourra choquer ceux qui refusent de savoir”. Savoir quoi ?
Dans ce texte, sans doute écrit par un auteur qui sait ménager ses effets, la narratrice raconte que l’inceste était traumatisant mais qu’au fond elle aimait coucher avec son père. L’emprise perverse d’un père sur sa fille, Christine Angot l’a décrite dans L’Inceste, en 1999.
Des fantasmes purement masculins
Ce qui peut déranger ici, c’est la répétition des “je mouillais”, “je voulais qu’il me baise”, la narratrice confiant être encore sexuellement excitée en écrivant certaines scènes – et on finit par se demander si l’auteur, caché derrière l’anonymat, ne serait pas un homme puisant dans son propre réservoir à fantasmes, purement masculins.
Notamment dans les dernières pages, où la narratrice raconte sa relation avec celui dont elle est aujourd’hui amoureuse : “Carl aime quand il rentre à la maison et que je l’attends, à genoux, la bouche ouverte.”
Jours d’inceste (Payot), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Demarty, 160 pages, 18 €
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