C’est un patchwork comme ceux que sa mère, nous dit-elle, aimait en confectionner, en assemblant de petits morceaux de tissus disparates pour créer des tentures murales. La cinéaste Marion Vernoux – Personne ne m’aime, Les Beaux Jours – a choisi la forme du puzzle pour venir à bout de son projet autobiographique. Le texte s’organise autour de l’évocation des meubles qu’elle […]
Dans un beau texte autobiographique, la réalisatrice de Personne ne m’aime dévoile ses failles.
C’est un patchwork comme ceux que sa mère, nous dit-elle, aimait en confectionner, en assemblant de petits morceaux de tissus disparates pour créer des tentures murales. La cinéaste Marion Vernoux – Personne ne m’aime, Les Beaux Jours – a choisi la forme du puzzle pour venir à bout de son projet autobiographique.
Le texte s’organise autour de l’évocation des meubles qu’elle a entassés au fil des ans dans sa maison, et dont elle cherche à raconter l’histoire et les souvenirs qui y sont attachés. Elle enchaîne ainsi, dans le désordre, les déménagements, la naissance des enfants, la vie et la mort du couple qu’elle formait avec le réalisateur Jacques Audiard, les amis, les désillusions, sa mère, son père, et sa grand-mère déportée.
Derrière chaque ligne une douleur
Dans cet inventaire échevelé, Marion Vernoux, dès les premiers paragraphes, impose son rythme, son humour et son sens de la formule, pour mieux se mettre à nu sans pathos et sans fard, analysant ses failles et ses ratages. Peu d’auteurs ont su si bien décrire l’état dans lequel les a plongés une dépression : “Une occupation. Une captation. Une confiscation.”
Derrière chaque ligne se cache une douleur, le vrai désespoir de ne pas être considérée comme elle l’aurait voulu dans son travail, sa passion pour le cinéma qui n’a pas été récompensée, les morts de proches dont elle ne se remet pas. Et le temps qui passe dévoile peu à peu sa tragédie ashkénaze, ainsi qu’elle définit l’intime sentiment de perte qui colore son texte tout entier.
Mobile home (Editions de l’Olivier), 256 pages, 17,50 €