Les très, très bruitistes et électro-électriques Anglais Fuck Buttons, tranquillement, sûrement, deviennent un des groupes les plus marquants de l’époque : leur nouveau Slow Focus est en écoute ici.
La scène se passe l’année dernière, lors de l’édition parisienne du Pitchfork Festival. Sur scène, perdus dans un délire lumineux à hypnotiser un cadavre, deux garçons tripotent leur machine. Dans la salle, une foule entière se regarde, abasourdie et presque K.O., les bouchons plongés au plus profond du conduit auditif pour ceux qui en ont ou, pour les inconscient, les doigts enfoncés dans l’oreille le plus profondément possible, jusqu’à caresser le tympan.
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Car l’espace a beau être immense, et Fuck Buttons réduit à deux cerveaux, ceux des Bristoliens Andrew Hung et Benjamin John Power, tranquillement en train de devenir pour l’électro ce que leurs copains Mogwai est devenu pour le rock : des bâtisseurs de cathédrales soniques dantesques, jouées, sur scène, plus fort que le bruit de l’univers (et, sans doute, que les limitations de la loi française), l’univers dont ils semblent capter le son et les torsions complexes dans leurs aventureuses machines et guitares, des garçons qui, à eux seuls, pourraient remplacer tous les espoirs de neuf et fantasme d’inconnu que l’Humanité s’inventera quand, à nouveau, elle considérera l’avenir comme une chance.
Après un Tarrot Sport (2009) tellement remarquable (Surf Solar, The Lisbon Maru, Olympians, morceaux éternels) qu’il a fini par se faire remarquer, et qu’il a très largement aidé le groupe à se construire une solide armée de fans dévoués ou d’écouteurs plus occasionnels, après avoir écumé les festivals sur cinq continents et multiplié les acouphènes chez des milliers d’audiophiles qui paradoxalement ne les regrettent pas, les deux Anglais reviennent avec un Slow Focus qui ne met pas longtemps à s’affirmer comme un des albums les plus marquants de la saison, ou de l’année, ou de la période, pourquoi pas éternelle, que l’Histoire lui offrira. Il ne met que quelques secondes, avant l’explosion : son intro Brainfreeze, d’une violence incroyable, qui donne envie de démolir l’Everest à mains nues, annonce que le groupe ne s’est pas adouci. Il ne s’est pas non plus simplifié la tâche : passionnant, tordu, plein de morceaux suffisamment longs pour avoir le temps de changer quatre fois de galaxie et d’humeur, Slow Focus est un grand disque exploratoire, expérimental, changeant, une lecture passionnante du concept d’espace, de temps, de bruit, de progrès et d’avenir.
Et l’avenir, c’est tout de suite : bijou comme sa pochette, Slow Focus ne sortira en France que le 22 juillet. Il est d’ores et déjà en écoute via Pitchfork, à cette adresse : une nouvelle éternité débute, et seuls ceux qui la pénètrent savent à quelle point elle est riche.
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