Aux Francofolies de La Rochelle cette semaine, Gaëtan Roussel revisite deux soirs d’affilée l’album Play Blessures d’Alain Bashung. Confidences.
Comment est née l’idée de revisiter Play Blessures sur scène ?
Gaëtan Roussel – C’est un disque avec lequel je me promène depuis que je le connais, même si ça ne s’entend pas dans mon travail avec Louise Attaque, Tarmac ou en solo. J’aime ce disque car il dégage une entière liberté. C’est sombre, presque souterrain… Et ça n’est pas toujours facile de proposer des choses que les gens ne connaissent pas bien, cette idée me plaisait aussi.
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Quand as-tu découvert ce disque ?
A la fin des années 80 – quand l’album est sorti, en 1982, je n’avais que 11 ans. A cette époque, j’avais vu Alan Vega en concert, et je trouve qu’il y a quelque chose de Suicide dans le disque. J’écoutais aussi The Birthday Party, le premier groupe de Nick Cave : ça se côtoyait et ça m’intriguait.
Qu’appréciais-tu dans la démarche de Bashung ?
J’aime le fait que, dès qu’il arrivait au bout de quelque chose, il essayait de ne pas faire un duplicata. Avec Gaby Oh Gaby et Vertige de l’amour, il était arrivé au bout d’un cycle, et il voulait sans cesse se renouveler. Par ailleurs, il m’a appris qu’à chaque fois que tu pars d’une idée, il faut la façonner, la malaxer, sans jamais oublier ce qui t’a plu au départ chez elle. C’est ce que j’essaie de reproduire dans ma démarche : aller au contact des autres pour que les autres m’aident, mais sans jamais perdre le pourquoi.
Qu’est-ce qui t’a plu dans les textes de l’album, coécrits par Bashung et Gainsbourg ?
C’est très barré, très moderne. Ils adossent des mots qui n’ont rien à faire les uns avec les autres, qui du coup n’imposent rien. Il y avait de la place pour l’interprétation. Ce sont des textes très rock. Ils arrivent à faire sonner le français sans que tu te demandes par où ça passe.
Comment as-tu procédé pour reprendre cet album ?
Ce qui me plaît dans ce disque, c’est sa dualité. Il y a des guitares rockab et puis il y a du synthétique, du mécanique. J’ai donc eu envie que ça existe aussi dans ce que j’allais reproduire. On a repris les pistes une à une en studio, avec Philippe Almosnino, ex-Wampas, et mon autre acolyte, Benjamin Lebeau, des Shoes. Ensemble, on a agencé une lecture de cet album, répétée avant les concerts. Le processus s’est fait en deux temps.
Te souviens-tu de ta rencontre avec Bashung ?
Ma première rencontre avec lui s’est faite à la brasserie Wepler, place de Clichy, à Paris. J’y suis allé avec Arnaud, de Louise Attaque, et M. Ward, dont Bashung était fan. On s’est retrouvés autour d’une table, j’étais comme un môme. J’ai rencontré quelqu’un de très doux, très à l’écoute. Il cherchait des chansons et m’a proposé de lui donner des idées. Finalement, il m’a proposé de faire le disque en entier et là j’ai eu très peur. Mais ce sont des peurs super à vivre.
Qu’est-ce que Bleu pétrole a changé dans ta carrière ?
Je me suis lancé pour faire des choses seul, ça m’a ouvert d’autres portes. Peut-être n’y serais-je pas allé autrement. On m’a demandé d’écrire des chansons pour les autres, j’ai travaillé avec Rachid Taha et Vanessa Paradis.
Le successeur de Ginger, ton premier album solo, est annoncé pour septembre. Peux-tu en parler ?
J’ai gardé la même manière d’avancer au contact des gens, j’ai continué à travailler avec Benjamin des Shoes et Julien Delfaud. J’ai eu envie de faire un disque qui serait moins un puzzle, d’aller plus vers du français. Envie, aussi, d’avoir plus de cordes et plus de choeurs féminins. Il y a notamment France Cartigny qui chante. Le clip du premier single, Eolienne, qui sort ces jours-ci, a été tourné avec des danseurs. L’album suivra fin septembre.
Concert Gaëtan Roussel re-Play Blessures d’Alain Bashung, les 13 et 14 juillet à La Rochelle
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