Ayant dû quitter Carcassonne pour son édition 2017, le festival impulsé par le maestro de l’electro Andrew Weatherall s’est emparé de Sète avec éclat.
Acteur emblématique de la scène musicale britannique, en marche depuis les années 1980, Andrew Weatherall jongle avec de multiples casquettes (DJ, compositeur, producteur, remixeur, animateur radio, organisateur de soirées…) en cultivant une discrétion qui apparaît de plus en plus remarquable à l’ère de l’hyper-narcissisme. Ayant découvert Carcassonne il y a quelques années grâce à son ami (et collaborateur) de longue date, Bernie Fabre, originaire de la région, il a eu un coup de foudre pour la ville et s’est pris de passion pour le catharisme. Ainsi va naître en 2013 Convenanza, un festival inscrit au cœur de la cité de Carcassonne, dont le nom fait référence à un rituel initiatique des Cathares. Positionné fin septembre, le festival – codirigé en binôme par Andrew Weatherall et Bernie Fabre – se démarque clairement des poids lourds estivaux : pas de grosses têtes d’affiche ni de sponsoring agressif, un seul live ou DJ-set à la fois, jauge réduite – environ 1500 personnes par soir. Sont privilégiés goût de la découverte et hédonisme à la cool, dans un cadre chargé d’Histoire.
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Un site somptueux
Après quatre éditions à Carcassonne, le festival se voit contraint à l’exil suite au retrait de tout soutien de la part de la municipalité et va trouver refuge à Sète pour son édition 2017. Adieu fortifications et cathares, bonjour rivages et calamars ! Si, avec cette migration obligée, l’identité du festival se dilue forcément un peu, l’essentiel persiste toutefois, à savoir une programmation défricheuse, un esprit ultra convivial et un cadre magique – en l’occurrence le somptueux Théâtre de la Mer, sans doute le plus beau site français dédié aux arts vivants.
Comme à Carcassonne, les réjouissances se déroulent sur deux soirs, entre live et DJ-sets, avec Andrew Weatherall en (humble) maître de cérémonie, opérant aux platines, seul ou en back-to-back, au début et à la fin de chaque soirée. Le vendredi, il lance le festival en diffusant de bonnes vibrations dub et reggae pour accompagner le coucher du soleil. Sous ses expertes caresses, le Théâtre de la mer, déjà bien rempli, ondule de plaisir. Arrive ensuite sur scène Fontän, trio suédois qui donne l’impression de beaucoup (se) chercher – quelque part entre post-punk, new wave et électro – sans parvenir à vraiment (se) trouver, même si leur mixture finit par prendre un peu sur la deuxième partie du live.
Prenant le relais, l’Israélien Autarkic livre, quant à lui, une performance épatante de bout en bout et enivre tout le public avec son grisant alliage musical, qui refuse obstinément de choisir entre post-punk et proto-disco. On pense souvent à un LCD Soundsystem plus déviant mais au moins aussi dansant. Cette première soirée se conclut avec A Love From Outer Space, le duo formé par Weatherall et Sean Johnston, dont le mix fait chavirer le public jusqu’au milieu de la nuit – les festivités s’arrêtant à 3h.
Houle intergénérationnelle
Le samedi, après la rituelle mise à feu de Weatherall, Baris K, le prince de la nuit d’Istanbul, fait grimper la température en flèche avec un DJ-set bariolé et percutant, sur lequel il est impossible de ne pas se déhancher – à moins d’avoir perdu ses hanches (tout arrive, paraît-il). Difficile de succéder à un tel déferlement de groove… Originaire de Glasgow, le quatuor Junto Club relève pourtant le défi de belle manière. Malgré de petites baisses de régime, son post-punk langoureux, s’étirant parfois sur de longues parties instrumentales, emporte l’adhésion, grâce en particulier à la présence scénique du chanteur (un brin poseur) et à de vrombissantes lignes de basse.
Egalement de Glasgow, le groupe suivant, Happy Meals, nous convainc sensiblement moins : parfois agrémentée de paroles en français (approximatif) dans le texte, l’electro-pop du duo, tantôt vaporeuse tantôt nerveuse, manque de caractère et de relief en dépit de l’énergie fantasque déployée sans compter par sa chanteuse. Réunis en back-to-back pour terminer cette deuxième soirée, Andrew Weatherall et Baris K transforment le Théâtre de la Mer en dancefloor de la mort, déclenchant une houle intergénérationnelle (et internationale) qui fait vraiment plaisir à voir.
Ainsi s’achève, tout en extravaganza, l’édition 2017 de Convenanza. Quant à la suite, elle est encore incertaine. Possible que le festival retourne à Carcassonne pour l’édition 2018. Cela devrait se décider dans les semaines qui viennent.
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