Si Stromae, Gotye ou Puggy squattent régulièrement les ondes françaises, ils restent les arbres qui cachent la grande forêt belge. Présentation de quelques artistes recommandables qui, dans l’ombre, font aussi les hauteurs du plat pays.
Girls in Hawaii
Il y a bientôt dix ans, Girls in Hawaii sortait From Here to There, un premier album de pop astrale qui reliait le plat pays à l’Amérique qu’on aime, affichant des influences allant de REM à Grandaddy. Formé autour de l’amitié de Lionel Vancauwenberge et Antoine Wielemans, originaires de Braine-L’Alleud à quelques kilomètres au sud de Bruxelles, le groupe a connu le meilleur – succès en Europe et à l’étranger, accueil chaleureux du second album Plan Your Escape – puis le pire. En 2010, le batteur et frère d’Antoine, Denis, trouve la mort dans un accident de voiture. C’est donc avec une émotion toute particulière qu’on retrouvera les Belges à la rentrée, avec un beau disque troublant. Everest, enregistré dans un grand manoir aux portes de Paris, est prévu pour le 2 septembre et se dévoile dès aujourd’hui avec le single Misses.
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Baloji
En 1981, Baloji arrrive, à 3 ans, à Ostende. Il est né et a passé les trois premières années de sa vie au Congo. La même année, arrive en Belgique Marvin Gaye, poursuivi par le Fisc américain- le second deviendra le héros du premier. Plus tard, Baloji goûte à la gloire avec le groupe de rap Starflam. Il s’ouvre aux musiques du monde entier, découvre Léo Ferré et Joy Division, et, jeune adulte, revient au Congo pour y signer Hotel Impala, petite merveille de rap-soul en 2008. Trois ans plus tard, il sort Kinshasa Succursale, un disque enregistré à Kinshasa donc, en six jours, sur un studio mobile avec un tas de musiciens du coin. Un disque de rap hybride, qui flirte avec le funk, la pop et la rumba, et relie plus que jamais le Congo et la Belgique.
Amatorski
En polonais, leur nom signifie “amateur”. Foutaises. D’abord, ces jeunes-là ne viennent pas de Pologne mais de Belgique – un pays qui va comme un Gand à leur douce mélancolie. Ensuite, ces jeunes-là sont, à peine trois ans après leur formation, passés professionnels dans l’art de faire battre les cœurs. Sur une base électronique, le groupe, remarqué le temps d’un premier ep resplendissant, Same Stars We Shared, rédige de beaux chapitres sonores qui croisent le trip-hop et la pop. Amatorski a intitulé son album TBC, comme “to be confirmed”. On préférera y lire “très bien comme ça » : les Belges marchent dans les pas de Portishead, Sparklehorse ou Peter von Poehl, agençant autour de la voix magnétique d’Inne Eysermans des hymnes ensorceleurs.
School is Cool
« L’école, c’est cool » dit le nom de ces Flamands. A l’école de ces jeunes garçons, on a en effet probablement appris par cœur l’histoire des Pixies, de Weezer et d’Arcade Fire. Résultat, les copies de leur album Entropology sont pleines de petits tubes indie-pop : riffs débraillés, chœurs nonchalants, mélodies adhésives et chœurs radieux. Entre rock orchestral et college pop, ces Belges là transforment leur pays en vaste campus universitaire US.
BRNS
Plus possédé que WU LYF, c’est possible ? Oui et depuis quelques mois, ça se passe du côté de Bruxelles, avec ce groupe à quatre consonnes. Cousins éloignés de The Rapture, Django Django ou Foals, ces Belges ne jouent pas la pop, ils la soufflent, la secouent, la tranchent, l’envoient valser sur le dance-floor. Sous une lumière noire, ils invitent à la danse, voire à la transe, affolant les cœurs et les cerveaux, déballant une énergie folle sur album comme sur scène. A ceux qui n’auraient pas encore succombé, on recommande l’écoute de leur maxi Wounded.
Dan San
Si la Belgique est riche en formations pop, elle abrite aussi une belle famille de songwriters capables d’agencer des folksongs troubles. Après Soy Un Caballo, on découvrait Dan San avec Domino, un disque qui confirmait sa avec quelques artisans érudits (Syd Matters, The Leisure Society, Fleet Foxes, Midlake). Refrains-chorales comme mûris sous le soleil du Laurel Canyon, sens de la mélodie impressionnant et charme de l’artisanat folk : Dan San, dont la place pourrait être chez le collectif clermontois Kütu Folk, ajoute son nom à la belle liste des musiciens des bois.
Balthazar
Rats, le deuxième album des Belges de Balthazar, a été inspiré au groupe par Leonard Cohen et le Gainsbourg des sixties : voix sombre, basses rebondies, production bouillante signée Noah Georgeson (The Strokes, Devendra Banhart…) Déjà palpable sur Applause, cet art de faire de la pop faussement nonchalante et débraillée irradie le disque de ces voisins recommandables pourtant méconnus en France. Dommage : Balthazar pourrait en percer les cœurs des amoureux de dEUS.
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