La web-série Piège de freestyle dénonce le boycott du rap. Et si on en parlait vraiment ?
Piège de freestyle est un excellent concept : chaque semaine, des MC rappent sur un sujet imposé ; shooting en pleine rue, trente secondes par artiste et de belles découvertes. Mais récemment, certains ont trébuché sur le thème du boycott du rap à la télé, et par extension dans les médias. Quand on voit Booba en une de GQ, des MC aussi peu connus que LIM ou Georgio ici-même, Nemir sur France Inter, Rimcash dans Le Monde et les autres chez Ruquier, on s’interroge en effet – et on se souvient de l’époque où le rap ne s’exprimait que dans une poignée de canards lus par trois spécialistes.
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La réalité est plus nuancée : pour beaucoup de journalistes actuels, qui ont grandi avec le rap, cette musique fait partie des meubles ; ils n’ont aucun problème avec elle, aucune autre exigence que sa qualité. Mieux, ils savent l’apprécier ou la critiquer. Il est donc temps que certains rappeurs réalisent que leur absence de propos, leurs lacunes artistiques, leur nombrilisme, leurs points de vue tantôt débiles ou réactionnaires entrent peut-être en compte dans le désintérêt parfois ressenti – tout comme leurs piètres prestations live en télé.
Personne n’a abordé ces sujets dans Piège de freestyle. Mais qui êtes-vous pour traiter tout le monde d’enfoirés ? Agiter le chiffon du boycott est facile ; c’est faire l’économie d’un raisonnement. Cet ostracisme existe mais nous, fans ou créateurs de hip-hop, devons aussi nous regarder, avec notre musique parfois déphasée, en mal de créativité ou de sens. Et ne pas s’étonner de n’être parfois qu’une ligne en bas de page. Le rap, ça se travaille, sinon c’est nul – au passage, un groupe rock lambda de Nancy ou Lyon n’est pas mieux traité par les fenêtres musicales TV qui, de toute façon, n’existent pas.
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