Pour son prochain album sobrement intitulé Yeezus, Kanye West opte pour un artwork minimaliste, inversement proportionnel à son ego.
1. CD vierge et dévotion
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En s’identifiant au Christ, Kanye West puise-t-il en lui humilité, simplicité et sobriété ? Contrairement aux images parvenues aux pèlerins priant pour une mise à jour de son site (qui montrait un premier artwork baroque mi-marbré, mi-or), le rappeur publierait un CD vierge visuellement. Produit de l’immaculée conception ? West se vante régulièrement de ses choix pseudo-radicaux. Ici, l’absence d’artwork signifie quelque chose de relativement profond : “finalement, ben y a que la musique qui compte vraiment” (cf. “Pour cet album, pas de single, pas de grosse campagne de pub, rien de tout ça. Putain, on n’a même pas de pochette ! On fait juste de la vraie musique”). En vrai, l’absence d’artwork (si ce n’est ce bout de scotch rouge) met l’accent sur celui-ci. Rappelant un passé pas si lointain où le CD (même simplement gravé) était un objet de dévotion privée.
2. Mégalomanie feat. paternité
En attendant la sortie officielle de son album et la naissance de son enfant (c’est désormais chose faite), Kanye West donnait la semaine dernière une interview au New York Times où il revient sur Yeezus (contraction de son surnom, “Yeezy”, et du nom du Christ) et se laisse aller à un délire intense. Des propos repris par de nombreux sites qui n’ont pas résisté à élaborer un panaché de ses sorties les plus folles. Parmi elles : “Je suis dans la lignée de Gil Scott-Heron, ce genre de grands artistes activistes. Mais je suis aussi dans la lignée d’un Miles Davis, vous savez, qui aimait aussi les belles choses.” Ou encore : “Je serai le leader d’une entreprise qui gagnera des milliards de dollars parce que j’ai les réponses. Je comprends la culture. Je suis le noyau.” Oh, la grosse quetsche.
3. Malaise dans la culture
L’homme fait en tout cas preuve d’une certaine lucidité car en gérant sa production artistique comme un homme d’affaires, Kanye West est à la pointe des changements à l’oeuvre dans l’industrie culturelle. Ainsi, si l’artwork ici présent nous rappelle l’ère pas si lointaine où le CD (même gravé) était un fétiche, Yeezus n’en reste pas moins un objet de son temps. Car pour éviter que l’album ne leake sur internet (exploit précédemment réussi pour Watch the Throne), West a instauré une nouvelle manière de travailler. Installer des studios d’enregistrement éphémères dans des chambres d’hôtel, n’interagir qu’avec un tout petit cercle de collaborateurs, travailler systématiquement avec des disques durs externes gardés dans des valises incassables, insubmersibles, imputrescibles et surtout ne masteriser l’album que quelques jours avant sa sortie… Autant d’efforts qui n’ont pas vraiment payé, l’album se retrouvant finalement sur le net quelques heures avant sa sortie. Peu importe, il semblerait que pour Kanye West arrive bientôt l’heure de la quête.
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