Eric Rochant achève le tournage de la saison 3 autour du clan Paoli, toujours avec Hélène Fillières et Thierry Neuvic. Avec le souci d’en faire une grande série à l’américaine.
A l’image du paysage télévisuel américain, de plus en plus envahi par des cinéastes pris de passion pour les séries, la télévision devient progressivement un terrain d’expérimentation pour les réalisateurs de cinéma nourris d’une culture renouvelée du petit écran.
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Eric Rochant (Un monde sans pitié, Les Patriotes…) s’est pris au jeu du format télévisuel depuis le tournage de la deuxième saison de la série créée par Hugues Pagan sur Canal+, Mafiosa, qui raconte les tourments d’un clan de malfrats corses, dirigé par une soeur souveraine (Hélène Fillières) et son frère (Thierry Neuvic).
Sur le tournage de la troisième saison, qui vient de s’achever sur l’île de Beauté, il a radicalisé son écriture télévisuelle, insuffisamment élaborée selon lui lors de la précédente saison.
“J’ai décidé d’opter pour un style beaucoup plus découpé, en cassant les codes de filmage du cinéma”,
explique-t-il, un petit chapeau sur la tête qui le protège des coups de chaud du soleil (et de la lune, quand le tournage se prolonge) de Bastia.
“J’ai voulu me renouveler complètement : d’où un foisonnement de plans, quatre fois plus que d’habitude”.
Ouvertement inspiré par ses deux séries fétiche – The Wire et Friday Night Lights –, Eric Rochant défend une conception quasi “naturaliste” de son travail de cinéaste. Outre le souci de créer un tourbillon d’images et de sensations, c’est l’aspiration au réalisme social qui l’a guidé sur ce tournage.
Parmi les obligations imposées par son approche : ne tourner qu’en Corse et faire jouer des acteurs locaux, des “gueules, des corps d’ici”.
“Tourner une série sur la Corse à Marseille n’a pas de sens pour moi. David Simon n’aurait jamais imaginé que The Wire se tourne ailleurs qu’à Baltimore.”
Ecrite en collaboration avec un auteur qui vit sur place et connaît toutes les subtilités ethnographiques et politiques de l’île, Pierre Leccia, la nouvelle saison respecte le cadre juste et complexe d’une réalité géographique, sociale et politique locale, au-delà des clichés qui affaiblissaient la première saison. D’où un récit mêlant une réalité sociologique (des enjeux narratifs liés au nationalisme et à la voyoucratie) à un cadre romanesque avec des personnages ambivalents développés sur la durée, jamais réduits à un seul trait de caractère.
La difficulté principale de l’écriture pour Rochant repose sur “le piège d’en faire trop”.
“Ecrire une scène, c’est l’écrire le moins possible”
, explique-t-il en forme de paradoxe : une manière de creuser son obsession d’une forme d’épure scénaristique, nourrie par l’énergie du filmage.
Comme le confie Hélène Fillières, Eric Rochant a un mot clé dans sa direction d’acteurs : “casual”. Ses indications de jeu reposent essentiellement sur ce souci de la justesse, du normal, du quotidien. Un mode intégré par son complice Thierry Neuvic, dont l’autorité dans le jeu a pris encore de la hauteur grâce à sa participation au dernier film de Clint Eastwood.
Aux côtés de ce magnifique duo, on retrouvera quelques nouvelles figures, parmi lesquelles la lumineuse Héléna Noguerra ou Reda Kateb et des anciens, Joey Starr ou Jean-Pierre Kalfon… La diffusion de Mafiosa saison 3 sera l’un des événements de l’automne sur Canal+.
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