C’est l’une des évasions les plus spectaculaires de l’histoire du rock. On connut l’Ecossais de Chicago Chris Connelly en fâcheuse posture, au sein de Fini Tribe ou, surtout, de Ministry ou Revolting Cocks. Mais à Chicago, on sait que l’évasion des carcans est un sport municipal. Ainsi, sur trois premiers albums solo à l’électronique un […]
C’est l’une des évasions les plus spectaculaires de l’histoire du rock. On connut l’Ecossais de Chicago Chris Connelly en fâcheuse posture, au sein de Fini Tribe ou, surtout, de Ministry ou Revolting Cocks. Mais à Chicago, on sait que l’évasion des carcans est un sport municipal. Ainsi, sur trois premiers albums solo à l’électronique un peu envahissante, Connelly réussissait à évacuer l’industrie lourde pour se concentrer sur une obsession obstinée : puisque, dans les années 80, Bowie n’était plus que l’ombre de lui-même, lui allait reprendre les choses exactement là où les avait laissées Scary monster. Et quitte à être Bowie, autant également endosser ses marottes, fréquenter ses amis. Ainsi, le premier album de Chris Connelly s’appellera Whiplash boychild en référence au Venus in furs du Velvet et on l’entendra y reprendre (mal) Scott Walker (The Amorous Humphrey Plugg). Une manie uniquement mise en sourdine sur le second Phenobarb Banbalam, où l’Ecossais se recroquevillait dans une électricité malade, éprouvante (sa réponse au récent suicide de son amie). Sur le troisième, Shipwreck, dans une démesure et une bizarrerie que l’on retrouva récemment chez les Belges d’Ozark Henry, Connelly reprenait contact avec Bowie. Après avoir longuement exploré les sons, Connelly découvrait soudain que les chansons pouvaient aussi être un exaltant terrain de recherche, d’expérimentation.
Désormais seul aux commandes de The Bells, il laisse tomber son encombrante carapace synthétique pour les textures chaudes et ondulantes d’une orchestration strictement organique la présence décisive de Jim O’Rourke expliquant sans doute la pureté du son. Dévoilées, ses chansons révèlent une grâce que l’électronique parasitait. Elles continuent de visiter, dans un foisonnement acoustique aussi étonnant que chez Richard Davies, Bowie et ses proches : on y croise ainsi John Cale (le beau ténébreux No more changing in the guard), encore et toujours Scott Walker, mais aussi quelques nouveaux et glorieux fantômes Chris Bell, Tim Buckley (Empty Sam)… On y croise surtout des chansons irrémédiablement contagieuses, des chansons mâles et grisantes, des chansons rares. Des chansons à peine distribuées en France : une honte.
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