Longtemps, on aura préféré danser sur les légendaires DJ sets de Laurent Garnier plutôt que de se plonger dans ses albums. Car même si ses disques contenaient toujours quelques perles, l’ensemble laissait souvent sur sa faim : on se disait que ce boulimique de musique, dont la discothèque personnelle est légendaire et gargantuesque, avait forcément […]
Longtemps, on aura préféré danser sur les légendaires DJ sets de Laurent Garnier plutôt que de se plonger dans ses albums. Car même si ses disques contenaient toujours quelques perles, l’ensemble laissait souvent sur sa faim : on se disait que ce boulimique de musique, dont la discothèque personnelle est légendaire et gargantuesque, avait forcément un peu plus à dire, d’autres histoires musicales à raconter. Et l’on imaginait bien que celles-ci ne seraient pas ancrées uniquement dans un seul genre, mais prendraient plutôt la techno comme levier pour atteindre d’autres formes, d’autres apparences.
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Sur son nouvel album, il semble avoir tout fait pour enfin composer un disque en accord avec la diversité de ses goûts. Après avoir été, au milieu des années 90, l’un des représentants les plus visibles de la scène techno, Laurent Garnier n’a pas arrêté, ces derniers temps, de s’en démarquer symboliquement, notamment en éditant, via le label F-Com (dont il est l’un des deux fondateurs), des artistes comme Avril, Readymade, Think Twice ou encore Vista Le Vie. Autant de musiciens qui ont plus à voir avec le post-rock, la no-wave ou la new-wave qu’avec la techno originelle, pure et dure.
Dans cette petite renaissance esthétique de son label, The Cloud Making Machine semble désormais faire office de frontispice. Ainsi, en écoutant cet album, on jurerait, par moments, entendre un disque de jazz des seventies, s’aventurant parfois dans des territoires proches du rock progressif. Lorsque le pianiste norvégien Bugge Wesseltoft apparaît sur l’album, il donne aux compositions de Laurent Garnier des airs de jazz décomplexé et reformaté. The Cloud Making Machine ressemble parfois à un cocon douillet, d’où il est difficile de faire surgir un morceau plutôt qu’un autre : on s’y plonge d’un bout à l’autre, on s’y love depuis la première piste jusqu’à la dernière. Pour autant, il ne s’agit pas d’un disque autarcique, mais bien d’une œuvre ouverte sur le monde. Son intention est explicitement affichée sur sa pochette : on y voit une usine prise dans un collage surréaliste. Le bâtiment est visible depuis les fenêtres de la maison de Laurent Garnier. Le mettre sur la pochette, c’est souligner que The Cloud Making Machine n’est pas le reflet d’un intérieur cérébral, mais bien l’œuvre intime d’un musicien qui garde son œil tourné vers l’extérieur, ses sens désormais entièrement recomposés.
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