De la cité shakespearienne, Verone n’a conservé que le nom. Ici, pas de tumultes vengeurs, ni de sang immortel, à moins, peut-être, de percer au piolet les mille feuilles du givre cristallin dans lequel s’est emmitouflé ce jeune miracle parisien. Verone aurait pu se nommer Alaska, tel le diamant brut qui ouvre Retour au zoo. […]
De la cité shakespearienne, Verone n’a conservé que le nom. Ici, pas de tumultes vengeurs, ni de sang immortel, à moins, peut-être, de percer au piolet les mille feuilles du givre cristallin dans lequel s’est emmitouflé ce jeune miracle parisien. Verone aurait pu se nommer Alaska, tel le diamant brut qui ouvre Retour au zoo. Un violoncelle pendu, une guitare céleste et cette voix, cette voix si improbable, si irréelle, si pénétrante. « Alaskaaaa, l’horizon s’enflamme/Alaskaaaa, tu reviens à moi /Alaskaaaa, ton souffle m’emmène/Si tu m aimes ne t éloigne pas’« , s’étire, éthéré, dans le phrasé instable de Fabien Guidollet, avant de s’échouer sur un break electro miniature pour rallier Gérard Manset et Christophe au panthéon lettré des anges hermaphrodites.
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Il a fondé Verone à la fin des années 90, aux côtés de sa complice diaphane Delphine Passant (guitare, banjo) puis de Stéphane Auzenet (claviers). En 2001, le trio devait sortir un album folk boisé dans la veine des Walkabouts. Mais rien. Il fallait encore creuser, expérimenter, attendre Ressortir de vieux Tangerine Dream orphelins ou raviver Kraftwerk sur l’écran digital pour mieux les mêler aux cordes sensibles de Delphine
Retour au zoo est l’aboutissement fantasmatique de cette quête sage. Mélancolique (Cherokee), conceptuel (Jéricho), plume (Tout est léger), hallucinogène (Caméléon), voire surréaliste (J’ai vu des chevaux sous la mer)? Long vent d’amour glacé balayant ces dix plages blanches entre pop neigeuse, mirages psyché et synthétisme machinal, il étourdit précieusement la chanson française.
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