S’agit-il d’un dérapage, d’une approximation historique ou d’un simple malentendu ? En déclarant, samedi 23 septembre, que “c’est la rue qui a abattu les rois, c’est la rue qui a abattu les nazis, c’est la rue qui a protégé la République contre les généraux félons de 1962”, Jean-Luc Mélenchon a en tout cas créé la […]
Jean-Luc Mélenchon a créé la polémique ce week end en déclarant que c’est la rue qui avait « abattu les nazis ». Une phrase prononcée en réponse à Emmanuel Macron qui avait déclaré : « la démocratie, ce n’est pas la rue. » Depuis ce point Godwin, la machine médiatique s’est emballée. Résumé de la situation.
S’agit-il d’un dérapage, d’une approximation historique ou d’un simple malentendu ? En déclarant, samedi 23 septembre, que “c’est la rue qui a abattu les rois, c’est la rue qui a abattu les nazis, c’est la rue qui a protégé la République contre les généraux félons de 1962”, Jean-Luc Mélenchon a en tout cas créé la polémique.
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« Une faute grave » pour le gouvernement
« C’est une faute politique de mettre sur le même niveau ceux qui ont fait tomber les nazis – et la rue y a contribué évidemment – mais aussi Alain Juppé et Emmanuel Macron, c’est une faute grave », a déclaré dimanche en fin d’après-midi Christophe Castaner. Invité de l’émission Questions politiques, le porte-parole du gouvernement réagissait au discours qu’a tenu Jean-Luc Mélenchon la veille, place de la République à Paris, en clôture de la manifestation organisée contre la réforme du code du travail.
Pour Muriel Pénicaud, « ces propos sont indignes et honteux » ; Manuel Valls a tweeté : « Pas de complaisance à l’égard de Mélenchon, de sa violence, de ses références historiques hasardeuses » ; pour Valérie Pécresse, « M. Mélenchon se comporte comme les facétieux d’extrême droite des années 30 » ; plus mesuré, Julien Dray a expliqué qu’il « s’est laissé emporter par sa verve » ; quant au secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, il a jugé ces propos « choquants« .
https://twitter.com/LCI/status/911931056441376769
Un hallali auquel a répondu Jean-Luc Mélenchon, via son blog. Dans un premier temps, il se défend et accuse ses détracteurs de manipulation en évoquant des « polémiques de diversion » :
“Cinq mois après son élection présidentielle, le vainqueur de madame Le Pen bute sur la volonté du peuple de ne point se laisser dépouiller de ses droits. On voit donc ses agents réduits à inventer des polémiques de diversion pour ne pas acter le constat de rapport de force. Il faut aussi faire face aux manipulations du lendemain comme cette prétendue comparaison avec les nazis.”
Mélenchon maintient ses propos
Puis il a tenu à préciser sa pensée, ne reniant aucun de ses propos tenus :
“J’ai répliqué au président qui affirmait : ‘la démocratie, ce n’est pas la rue’, en lui demandant d’apprendre son histoire de France. Il y aurait vu que la démocratie vint par la rue quand celle-ci abattit les rois, chassa les nazis, créa le droit à la section syndicale, la quatrième semaine de congés payés en 1968.”
Evidemment que « la rue n’a pas abattu les nazi »….
— Mathilde Larrere (@LarrereMathilde) September 23, 2017
« Evidemment que ‘la rue n’a pas abattu les nazis' », a écrit dans la soirée de samedi Mathilde Larrere. Cette historienne, très active sur Twitter a pris l’habitude d’épingler les membres de la classe politique qui commettent des approximations historiques. Elle explique qu’« il a fallu l’Armée rouge, les armées alliées, les maquis, les réseaux de résistance, tant de morts… » en ajoutant que, « dans tout cela, qui est essentiel, fondamental, inoubliable, il y a eu, dans le cas de la libération de Paris, une insurrection. » Avant de conclure : « L’histoire est toujours beaucoup plus complexe on le sait que des discours politiques. »
« Mélenchon n’est pas maladroit »
Mais tous les historiens ne sont pas aussi cléments. Interrogé par Le Monde, Jean Garrigues, professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Orléans et à Sciences-Po pointe l’ambiguïté du tribun de se réclamer de la rue. Auteur de plusieurs tribunes positives à l’égard d’Emmanuel Macon, il explique : « Ce que dit Mélenchon est une vérité partielle. Ce qui a libéré la France des nazis, c’est la Résistance clandestine, le Débarquement, l’avancée de l’Armée rouge. » Pour l’historien Christophe Prochasson, Jean-Luc Mélenchon « dit ce qu’il veut ». Nommé conseiller de François Hollande pour l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche en septembre 2015, il parle lui de « fantaisies » et de propos « insensés » de la part du député des Bouches-du-Rhône tout en précisant qu’il « ne pense pas que [Mélenchon] soit maladroit », quand il prononce ces mots.
Il n’y a guère qu’Alexis Corbière pour défendre son chef. Le députe LFI historien de formation a expliqué au Monde : « Ce n’est pas un dérapage ou une maladresse. L’histoire s’est écrite par de grandes mobilisations populaires. C’est une banalité de le dire, ça fait partie de la mystique nationale ». Selon lui, cette polémique n’est qu’un « gigantesque contre-feu à la mobilisation » de samedi.
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