A l’occasion des 20 ans de l’Association, les Inrockuptibles partent à la rencontre de sept jeunes auteurs récemment publiés par l’éditeur indépendant de bande dessinée. Aujourd’hui : Lucas Méthé qui participe à la revue Lapin et a publié Mon mignon, laisse moi te claquer les fesses dans la collection Mimolette.
Quel a été votre premier choc en BD ?
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Il y en a eu plusieurs successifs, à tous âge jusqu’à un certain âge. Le « choc » lié à ma découverte de certains livres de l’Association et d’autres éditeurs alternatifs des années 90 surpassa toutefois les autres, étant d’ordre « humain » au moins autant que d’ordre esthétique. Je me suis senti invité à observer des intériorités d’adultes. J’avais quinze ans, et les bandes dessinées que je lisais auparavant laissaient peu transparaître la voix de leur auteur.
Comment et quand avez-vous décidé d’y venir vous-même ?
Comme une majorité d’auteurs, entre l’enfance et l’adolescence, par mimétisme très naturel, et sans m’être posé la moindre question pendant de longues années.
Comment et quand avez-vous connu L’Association ?
En 1998 ou 1999, via la vente par correspondance, car j’habitais en province. Je connaissais également un libraire qui proposait au fond de sa boutique une quinzaine de livres d’éditeurs alternatifs, dont l’Association. De prime abord ces livres m’avaient paru inquiétants, j’éprouvais un assez grand malaise à les feuilleter, c’était bien loin des enfantillages un peu proprets que je lisais jusqu’alors. J’ai longtemps tourné autour avant de me décider à revenir les acheter un à un. Il n’y avait là qu’un exemplaire de chaque titre, « heureusement » il n’y eut que moi pour l’acheter.
Quel a été l’impact de cette découverte ?
La lecture de quelques livres en particulier m’a marqué et épaulé durant une adolescence plutôt solitaire et inquiète ; je pense aux livres de Mattt Konture. L’autre impact simultané a été une envie de « participer à l’édifice ». J’ai commencé un embryon de travail autobiographique peu après.
Les livres de l’Association ont-ils influencé votre style graphique ? votre façon de raconter les choses ? votre approche de la bande dessinée en général ?
Pour l’approche de la bande dessinée, certainement. Pour le style graphique, oui aussi, au moins pendant un temps. Et puis la lecture de certains auteurs a certainement influé sur mon caractère, ma façon de voir les choses. Cela a dû se transformer tout ensemble avec le temps.
Comment en êtes-vous venu à publier à l’Association : ce sont eux qui ont pris contact avec vous, vous leur aviez d’abord envoyé des planches ?
Je faisais un fanzine dont je distribuais une partie aux auteurs et éditeurs qui me plaisaient. J.C. Menu m’a proposé d’en republier une partie dans Lapin. J’avais envoyé des choses auparavant, « pour avis », pas vraiment destinées à être publiées. Ces auteurs-éditeurs avaient une forte personnalité, intimidante pour de jeunes gens mal dans leur peau comme étaient, peut-être, certains des futurs auteurs qu’ils publieraient… J’ai attendu que l’admiration, le trac prennent des proportions raisonnables.
Que signifie pour vous d’y publier des livres ?
Je n’en ai publié qu’un ; la petite graine d’ « art » que ces gens et d’autres ont semé en moi a poussé, et m’empêche de faire des plans d’avenir, je ne sais donc s’il y en aura d’autres. J’étais content, bien sûr… même si les sentiments qu’un livre nous inspire sont tout de même assez peu fonction du nom d’éditeur inscrit sur la couverture.
Que représente-t-elle pour vous aujourd’hui ?
Une maison toujours impressionnante (par son énergie, le nombre de parutions), professionnelle, à l’aura médiatique parfois un rien effrayante !… Je me sens finalement moins attaché à la bande dessinée qu’elle ne semble l’être (disons : à la bande dessinée comme langage, comme potentiel). Mais je continue bien sûr à suivre ses parutions et suis heureux d’y trouver des perles. Il me semble qu’elle maintient son cap.
Quel est votre album préféré à l’Association ?
C’est peut-être sentimental, ce sont parmi les premiers que j’ai lus : les livres autobiographiques de Mattt Konture, le « Livret de Phamille » de Menu. Plus récemment, le troisième volume de « La guerre d’Alan », de Guibert.
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