L’hiver dernier, l’escouade teutonique Kitty-Yo a, avec l’enivrant Silur de Tarwater, conquis nos platines. Du jour au lendemain qui enchante, le label berlinois s’est arrogé une place de choix dans nos listings d’orpailleurs : c’est donc dans cet état de fiévreuse appétence que l’on prend contact avec les trois derniers crus millésimés Kitty-Yo. L’affaire se […]
L’hiver dernier, l’escouade teutonique Kitty-Yo a, avec l’enivrant Silur de Tarwater, conquis nos platines. Du jour au lendemain qui enchante, le label berlinois s’est arrogé une place de choix dans nos listings d’orpailleurs : c’est donc dans cet état de fiévreuse appétence que l’on prend contact avec les trois derniers crus millésimés Kitty-Yo. L’affaire se présente sous de glaçants auspices puisque, en lieu et place de l’ambroisie escomptée, on se fait, de déprime abord, refourguer l’infâme piquette de Schwermut Forest qui, privilège douteux, matérialise l’un de nos pires cauchemars auditifs : un rock laborieux et tiédasse, à destination exclusive des trentenaires cravatés, rigidement façonné et interprété avec un éliminatoire esprit de sérieux par des premiers de classe à la manque, qui ont à coup sûr écouté les bons disques mais n’y ont rien senti du tout. Si justice devait enfin être faite, cette muzak d’ascenseur vaudrait à ses auteurs un aller direct pour l’échafaud. Bien que nanti d’un corpus de références grosso modo identique avec Tortoise et Yo La Tengo en balises maîtresses à celui de Schwermut Forest, Couch séduit grâce à sa finesse de trait, son énergie parfois (Slogan, Gegen den) dévastatrice et sa grande souplesse rythmique. Ces trois vertus harmonieusement conjuguées autorisent Fantasy à guigner un strapontin d’honneur à proximité du superlatif Schrink de Notwist. C’est cependant surtout sur la foi (vibrante) d’Unter anderen bedingungen als liebe que nous reconduirons sans chipoter notre confiance à l’estampille berlinoise Kitty-Yo. En effet, rarement a-t-on dansé dans les ténèbres avec une semblable gaillardise : apôtre d’une électronique contorsionniste et intranquille, assez savante pour savoir rester accessible, Laub lorgne vers Björk ou Autechre sans avoir à en rougir et parvient également, avec un brio confondant, à redorer le blason de la langue allemande, réputée inapte à la lascivité par les rabâcheurs de préjugés. Quiconque possède un minimum de prédispositions à la licence ne peut que céder sans résistance aux neuf tentations alignées dans Unter anderen bedingungen als liebe, parmi lesquelles Symbolisch et Einäugig ne sont pas les moins affolantes.
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