Avant la sortie de leur nouvel album en mars et une tournée en avril, les Anglais étaient de passage à Paris vendredi pour un concert pas tout à fait comme les autres. On y était, on vous raconte.
Déjà évènement de cette année à peine entamée, et alors qu’il n’est même pas encore sorti, le nouvel album de Metronomy s’écoutait hier soir sur scène, à Paris. Un tout premier concert avait eu lieu mercredi soir à Brighton, en Angleterre, dans un petit théâtre au joli nom (The Old Market), non loin duquel le groupe a patiemment répété ces derniers mois. Avant une tournée des Zéniths en avril, la bande à Joseph Mount a donc décidé de marquer les esprits, de draguer en douceur avec ces deux soirées de poche.
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Et devinez quoi ? Le charme est écrasant : on a rougi de plaisir du début à la fin. Retrouver un groupe comme Metronomy dans une salle aussi cool que la Maroquinerie, c’est un petit luxe qu’on aurait eu tort de snober. L’intimité, la douceur, l’envie de se rapprocher : Joseph a chanté comme s’il nous confiait des secrets à l’oreille, comme si l’obscurité, dans son mensonge de protection, permettait enfin de dire les choses simplement. Mais avant ça, on a également eu le droit à un supplément d’amour local : la première partie d’un des groupes les plus sexy de la pop française.
Petit Fantôme, grand concert
Alors qu’approche à grands pas la sortie du nouvel album très beau de Frànçois & The Atlas Mountains, un des membres du groupe était parmi nous hier avec son projet solo. Petit Fantôme, grande promesse confirmée avec Stave l’année dernière, est de ces doux rêveurs qui n’ont peur de rien, pas même de mesurer leurs expérimentations et leurs mélodies arrache-cœur à celles de Metronomy, pourtant monstres de réinvention pop et de musique intelligente.
Mais Petit Fantôme n’a pas eu à rougir une seule seconde. Les idées débordent dans une énergie jamais trop contrôlée, souvent un peu étrange, toujours très belle : le batteur est en transe, fait de drôles de grimaces ; un autre passe du clavier à la trompette, de la trompette aux cymbales avec concentration ; sur la gauche, on bidouille les machines une main dans la poche ; à droite, ça chante ému et profond, la tête en l’air, comme si l’avenir du monde était en jeu. Des morceaux comme Être honnête sont des expériences bouleversantes.
Metronomy, en attendant l’album
C’est bientôt l’heure des mots d’amour : Love Letters s’est dévoilé dans une dizaine de morceaux geek chic à souhait, réunis autour d’une idée bien ficelée de rétro-futurisme élégant. Même la scénographie, quoiqu’elle soit vraiment minimaliste comparé à ce que certains ont connu de Metronomy, joue pleinement de cette ambiance nonchalante et légèrement décalée, un poil surréelle, évoquant la cantine de Star Wars autant qu’un vieux cabaret américain. La batterie est transparente. Les trois claviers sont entourés de structures blanches, clignotantes et kitsch. Anna Prior porte une jolie robe blanche à petit col montant, les autres sont en costumes noirs, chemises bien boutonnées jusqu’en haut. Tous ont sobrement la classe.
Et ce n’est pas que du style. Monstruous, A Month of Sundays, Reservoir, Boy Racers, Call Me, Never Wanted : pop et expérimentaux, joyeux ou plus mélancoliques, robotiques et charnels, les nouveaux morceaux du groupe sont encore en phase de bricolage, et joués de façon peut-être un peu carrée, mais déjà on sent le potentiel de cet album qu’on a hâte de réécouter au calme, au casque, avant de le passer en boucle en soirée. Le morceau-titre, Love Letters, est à lui seul une réjouissance, une vraie découverte, le manifeste d’un nouveau départ pour Metronomy, et de la nouvelle façon de chanter de Joe Mount.
Mais le passé est présent également, bien à l’aise, comme pour marquer de façon plus forte encore l’évolution du groupe : réécouter les gros tubes de English Riviera (The Look, She Wants, The Bay, Corinne…) et les empilements instrumentaux de leurs débuts (Heartbreaker, Radio Ladio) montre à quel point Metronomy continue d’évoluer, de grandir, de s’affranchir continuellement des attentes et des habitudes pour inventer un avenir plus beau, plus doux, plus sexy. Un avenir où tout ne serait qu’insouciance, danse sous la pluie et belles nuits sans sommeil.
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