Après la Cigale en mai 2013, le prince noir de l’électro française s’est attaqué hier soir à l’Olympia. Ambiance dark pour un live impeccable : Gesaffelstein s’est promené dans « Aleph », son premier album, pendant près de deux heures. On y était on vous raconte.
Le jeune DJ Français joue la carte de l’entrée prophétique : toutes lumières allumées derrière lui, brume pour l’accompagner, il débarque comme une apparition furtive pour s’installer doucement dans nos têtes. C’est d’abord une nappe sonore qui décolle, puis le rythme qui part, les projecteurs avec : ça tabasse ensuite fort et rapidement avec Pursuit, son morceau magistral et obsédant, qui reviendra toute la soirée comme un thème.
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Dans la salle, c’est un public composé de kids allumés – ils ont finit leur bouteille de rosé sur le boulevard des Capucines – et de trentenaires lookés : le style est déjà noir, et les vestes, les robes et les pantalons s’affichent en sombre. Vu du balcon la fosse ressemble à un magma impraticable, amas compact de crânes tantôt dégarnis, tantôt fournis, qui scande son nom en l’attendant : « Gesa ! Gesa ! Gesa ! » En haut, on aperçoit même Pedro Winter et So Me, du crew Ed Banger : le petit monde de l’électro française a fait le déplacement pour assister au sacre du jeune Lyonnais d’origine. Pour son premier Olympia, complet depuis un long moment, Gesaffelstein a posé ses machines sur un autel perché à deux mètres de haut et c’est de là qu’il anticipe les attentes du public.
Techno sombre
Après un moment de calme relatif, il retire tous les filtres de sa musique et c’est Hate or Glory (le clip est superbe) qui envoie tout le monde très loin. Les lumières balayent la foule, la course poursuite est lancée. Gesa nous fait rêver de grandeur, parfois de décadence, et affiche dans l’écran derrière lui une vidéo en noir et blanc de la Galerie des Glaces à Versailles (oui, la maison de Louis XIV, le Roi Soleil) : lent travelling avant et la musique accompagne le mouvement.
C’est en toute détente que Gesaffelstein gère son live, en costume sombre mais une clope aux lèvres, en battant le rythme pour préparer ses enchaînements. Il s’autorise même quelques pas de danse sur un morceau de r’n’b futuriste (oubliez R Kelly, vous n’y êtes pas), avant de s’aventurer sur les terres de l’eurodance 90’s. Les claviers sont plaqués bien droit – ambiance Die Antwoord sur Baby’s On Fire – et se font rosser par un gros beat techno ; les rares voix qui sortent des enceintes sont des plaintes et des cris, parfois des slogans, comme « ecstasy » ou quelque chose qui ressemble à « dancefloor ». Gesaffelstein l’autodidacte explose les rythmes et les codes, et nous propose en fait une petite histoire du genre : hi-NRG, house et même des fois hardtechno dans des BPM qui frisent la syncope. D’abord calme derrière ses machines, c’est maintenant une pile électrique.
Passage obligé de la soirée, Gesaffelstein n’oublie pas de balancer Send It Up qu’il a produit, avec les Daft Punk et Brodinski, pour l’album Yeezus de Kanye West. Drapeau américain qui flotte dans l’écran derrière, en noir et blanc, sirènes qui hurlent dans la salle pour un des meilleurs morceaux de 2013 : Gesaffelstein a trouvé sa place dans la production mondiale et paraît fier. Il peut. Pour pimenter le moment, il déconstruit les rythmes, repassent sur un beat hip-hop qui penchent vers la trap music avant de revenir sur l’originale Send It Up. Les sirènes s’arrêtent. Cut. Il remercie la foule.
Un Olympia essoufflé
Après une heure et vingt minutes de rush, c’est toutes lumières allumées qu’on découvre un Olympia essoufflé ; on passe rapidement d’un temple à l’autre, de l’église au stade, quand les « hé ho ! » de la foule rappellent à ses machines un Gesaffelstein calme et tranquille. Hate Or Glory repart, dans une version encore plus musclée… Cut.
C’est de nouveau d’un noir presque total que s’échappe une mélodie noire, déjà entendue pendant le concert, qui nous entraîne de nouveau dans les méandres de sa musique. Le tempo est moins rapide, on passe en mode chill out et c’est Aleph, le morceau-titre de l’album, qui résonne dans la salle. Le final cut tombe au bout d’une heure et cinquante minutes.
Pour les plus chanceux, la soirée se poursuit au Silencio, le club designé par David Lynch, dans lequel on imagine un Gesaffelstein très à l’aise. Dans une salle encore plus sombre.
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