L’acteur-réalisateur américain a écrit une lettre au chancelier britannique pour protester contre la suppression de l’UK Film Council, l’un des piliers (public) de la production cinématographique du pays.
Dirty Harry sort de sa réserve. Dans une lettre adressée au chancelier britannique George Osborne, l’acteur et réalisateur multi-primé Clint Eastwood s’oppose fermement à la suppression de l’UK Film Council (UKFC), principal organe de distribution des subventions publiques au cinéma anglais.
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Annoncée dans un communiqué le 26 juillet par le nouveau ministre de la Culture, Jeremy Hunt, poulain de la politique d’austérité de David Cameron, la fermeture de l’UKFC prive la Grande-Bretagne d’une véritable organisation de soutien à la production cinématographique locale.
« Une grave erreur »
Clint Eastwood est d’autant plus concerné qu’il vient d’achever le tournage de son dernier film Hereafter (Matt Damon, Cécile de France), avec le soutien logistique de l’UKFC pour les prises de vues à Londres. Selon le réalisateur, la décision de Jeremy Hunt provoquera, à terme, une baisse importante des productions localisées en Grande-Bretagne et, par extension, un manque à gagner pour l’économie du pays. « Je suis beaucoup plus attaché aux commissions actives et expérimentées qui dépendent des autorités locales qu’aux producteurs », a-t-il ainsi déclaré.
« La perspective de perdre une ressource aussi précieuse m’inquiète beaucoup pour mes projets à venir », a ajouté le réalisateur d’Invictus. Inquiétude partagée par le producteur à succès Tim Bevan (Frost/Nixon), aussi président de l’UKFC, qui a immédiatement répondu au ministre de la Culture sur le site de l’organisation. Il dénonce l’absence de concertation et la rapidité avec laquelle Jeremy Hunt a décidé la suppression de l’UKFC. Une « grave erreur » selon le producteur, qui réclame au gouvernement de maintenir les fonds alloués au cinéma, spécialement dans une période difficile marquée par « la transition du numérique ».
De nombreux succès financés par l’UKFC
Depuis sa création par Tony Blair en 2000, l’UKFC employait 75 personnes et disposait d’un budget de fonctionnement annuel de 15 millions de livres (18 millions d’euros). L’organisation a financé ou participé au financement de plus de 900 films en 10 ans, des succès publics (Le Dernier Roi d’Ecosse, Joue-la comme Beckham, Slumdog Millionaire) ou des projets plus confidentiels (Fish Tank, This is England, Man on Wire). L’organisation a accompagné l’émergence de nouveaux réalisateurs, mais aussi favorisé l’équipement des salles en numérique et la promotion du cinéma britannique.
Pour contrer la décision de Jeremy Hunt, des professionnels ont lancé une pétition en ligne, qui a réuni pour l’instant plus de 30 000 signatures, et un groupe Facebook, « Save the UK Film Council », qui revendique presque 50 000 inscrits. La semaine dernière, plus de cinquante acteurs, dont Bill Nighy et Emily Blunt, ont écrit une lettre au Daily Telegraph pour protester contre la suppression de l’UKFC.
Sous le feu des critiques, le ministre de la Culture britannique a réagi dans l’édition de dimanche du Guardian. L’UKFC, trop bureaucratique, serait supprimée au profit du British Film Institute assure Jeremy Hunt, qui annonce que le gouvernement continuera de soutenir financièrement les réalisateurs. Mais il en faudra plus pour rassurer les cinéastes anglais, marqués par le souvenir de la crise des investissements du début des années 80.
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