Hope Sandoval, Cat Power et Lana del Rey blêmissent de jalousie et de trouille : les chansons belles et troubles d’Angel Olsen bouleversent plus encore que les leurs.
Chanté dans les plis d’une soie aussi immédiatement bouleversante que celle déroulée par Roy Orbison, le précédent et premier album d’Angel Olsen, Half Way Home, s’ouvrait un morceau nommé Acrobat et sur ces mots : « You are the crazy acrobat, you are the witch » (« Tu es l’acrobate folle, tu es la sorcière »). Traduit au féminin car l’Anglais et nos interprétations l’autorisent : tout était déjà dit.
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L’Américaine, proche de Bonnie « Prince » Billy, sur deux disques duquel elle a chanté, est devenue notre sorcière. Une Lana del Rey qui aurait, sur son deuxième album Burn Your Fire For No Witness, produit par John Congleton (St. Vincent, Two Gallants, Anna Calvi) et à paraître le 17 février chez JagJaguwar, quitté le glamour de l’Hollywood lynchien pour aller rouler ses morceaux sublimes dans les orties d’un midwest plus spectral encore que les films du chevelu argenté.
Une acrobate assez brave pour aller chanter dans les décors de la terrifiante série Carnivale, comme une Hope Sandoval ou une Cat Power blêmissant de frousse dans l’ombre froide de cette déjà immense, comme une fille naturelle de Vashti Bunyan conçue sur les cendres des bûchers de Salem.
Un ange écorché très vif, qui a passé son enfance dans le Mississipi mais est désormais installée à Chicago, balançant ses coups de fouet sentimental entre Appalaches hantées (High Five, Dance Slow Decades), contes intimes et méchamment tourneboulants (« Brûle ton feu sans témoin, c’est la seule manière de mourir » claque/caresse-t-elle sur White Fire, sans doute déjà une des chansons les plus belles et troublantes de l’année, si Unfucktheworld ne happe pas un peu plus d’âmes encore) ou crasses plus lo-fi à la fée électricité mauvaise (High & Wild, Forgiven/Forgotten, monumentube, ou l’irradiante Stars).
Angel Olsen, qui a joué à Paris début décembre lors d’une Soirée de la Blogothèque, à voir bientôt sur Arte Live Web, jouera en France dans dans le cadre du festival Les Femmes s’en Mêlent, le 26 mars à Paris au Divan du Monde, le lendemain à la Lune des Pirates d’Amiens : on pourrait ne pas se risquer aux premiers rangs, de peur de s’enfoncer trop définitivement dans cette obsédante obscurité.
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