Les socialistes se réunissent pour leur traditionnelle université d’été. Les derniers sondages, qui leur sont très favorables, devraient aiguiser les appétits.
L’université d’été du PS s’ouvre ce vendredi à la Rochelle. Au menu, jusqu’à dimanche, des ateliers, des discours, des rencontres informelles entres socialistes et des « offs » avec des journalistes. Le tout sous un nouveau slogan choisi par le PS : « La vie qu’on veut ».
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Et avec le dernier sondage TNS-Sofrès-Logica pour Le Nouvel Obs, cette nouvelle édition qui s’annonce très sereine – ni présidentielle, ni congrès au lendemain de la Rochelle – pourrait finalement être très pimentée. Car les leaders du PS n’ont jamais eu autant de chances de l’emporter en 2012.
Selon cette enquête publiée hier, Nicolas Sarkozy serait littéralement battu à plate couture par Dominique Strauss-Kahn au second tour (59-41%), largement devancée par Martine Aubry (53-47%), ferait jeu égal avec François Hollande (50 partout), mais devancerait de peu Ségolène Royal (51-49%).
« Gardons la tête froide »
De quoi aiguiser les appétits chez les socialistes. D’autant plus qu’à ce jour, aucune de ces quatre personnalités n’a officiellement annoncé sa candidature. Seul François Hollande fait le moins mystère de ses intentions. « Depuis plusieurs mois, je dis que je me prépare, que j’avance mes idées, ça ne fait pas de doutes », confie le député de Corrèze. Les autres, pour l’instant, jouent avec le temps.
Dominique Strauss-Kahn, lui, n’a toujours pas dévoilé ses intentions. « Surtout, gardons la tête froide ! », confie l’un de ses soutiens. Y parviendront-ils à la Rochelle ? Ses amis qui pensaient rester discrets vont être de facto très sollicités. Quinze sénateurs, menées par François Patriat (élu de Côte d’Or) ont publié une tribune en forme de plaidoyer pour que leur favori se présente à la primaire du PS. Un « club DSK » a aussi prévu de s’y réunir, mais « en marge », les amis du patron du FMI comme Christophe Borgel et Jean-Christophe Cambadélis s’étant ouvertement désolidarisés de cette initiative. Le mandat de DSK au FMI courant jusqu’à l’automne 2012, l’intérêt de ses proches est de faire connaître ses intentions le plus tard possible.
Au cas où DSK ne serait pas candidat, Pierre Moscovici a déjà fait savoir, dans une tribune au Monde, qu’il était « déterminé à porter les couleurs et le projet de cette gauche ouverte, ambitieuse et crédible ». « Je m’y prépare », dit-il clairement. Idem pour Jean-Louis Bianco, proche de Ségolène Royal, qui « n’exclut pas » de se présenter. En septembre, il publie un livre au titre parlant : Si j’étais président.
Aubry : « la France a été salie »
Bien qu’elles n’aient pas l’intention de révéler leur décision d’être candidate ou pas ce week-end, Martine Aubry et Ségolène Royal ont néanmoins prévu d’occuper le terrain. Et le livre de David Revault d’Allonnes, Petit meurtre entre camarades, est venu pimenter les premières heures du rassemblement socialiste. Martine Aubry lui confie qu’elle prendra sa décision de se présenter ou non aux primaires socialistes « avant 2011 ». Ségolène Royal y va plus franco : « Je pense que je gagne les primaires face à tous les autres candidats. »
Sur place, les deux femmes ont pourtant pris soin d’écarter le sujet d’un revers de manche. Car hier, avant même l’ouverture des festivités à la Rochelle, elles étaient présentes à la Rochelle. La première secrétaire assistait au traditionnel pot de bienvenue offert par la fédération socialiste de Charente-Maritime. L’occasion pour elle de dénoncer un « été de honte » : « le discours de Grenoble est un discours de stigmatisation » pour « masquer les affaires ». Et de conclure : « La France a été salie, elle va mal. »
Royal, « la sécurité, un thème de gauche »
Quelques instants plus tard, Ségolène Royal réunissait des journalistes autour d’un buffet et s’attaquait à la politique du gouvernement: « Nicolas Sarkozy crée de l’insécurité. C’est ravageur. Donc il faut dénoncer sa politique sécuritaire. Mais la sécurité n’est pas un thème de droite, c’est un thème de gauche. Il faut s’approprier ce thème. » Mais d’ajouter : « Les socialistes ne gagneront que s’ils sont. unis »
Ce vendredi, les deux socialistes ouvriront ensemble l’Université d’été. L’une en tant que première secrétaire du PS. La seconde en tant que présidente de région de Poitou-Charentes. Mais dès ce soir, à 20h, elle se feront face. Par JT interposé. Martine Aubry sur TF1, Ségolène Royal sur France 2.
Une photo de famille presque au complet
Vendredi et samedi sont programmés de nombreux ateliers « avec tous les socialistes », souligne la direction du PS. « On n’en a oublié aucun, vous pouvez vérifier ». Façon d’insister sur le fait que toutes les sensibilités du parti ont été associées. Seul Julien Dray manquera à l’appel. « Il sera à Rock en Seine », précise Emmanuel Maurel, président de l’Université d’été. Julien Dray est vice-président de la région Ile-de-France en charge de la culture.
Et à l’exception de Dominique Strauss-Kahn (sa fonction de patron du FMI l’empêche de prendre part au débat politique français), de Lionel Jospin « dont on ne sait jamais à l’avance s’il viendra », confie un cadre du PS, et de « Jack Lang qui a été oublié sur la liste des invités » reconnaît-on à Solferino, les gros poissons seront à l’affiche. Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Pierre Moscovici, Bertrand Delanoë, Laurent Fabius… Une photo de famille quasi au complet.
Aubry et son discours fleuve
Enfin, le dimanche, pour la clôture de ces journées, Martine Aubry a prévu de prendre la parole pendant une heure et quart ! De quoi marteler qu’elle est bien rentrée de vacances. 75 minutes pour lui offrir l’occasion d’aborder tous les sujets d’actualité, notamment la sécurité.
La première secrétaire du PS est particulièrement attendue sur ce point après l’offensive de la droite cet été. Et a fortiori depuis que Ségolène Royal, François Hollande, Arnaud Montebourg, Manuel Valls et Vincent Peillon ont pris la parole sur ce sujet. « Il y aura de la gravité dans son discours, confie Benoît Hamon, porte-parole du PS. Martine Aubry remettra les choses à leur place. »
Ségolène Royal, elle, a prévu de rester jusqu’au bout de cette université d’été. D’habitude, elle s’éclipsait avant la fin…
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