La saison 3 de la série de Showtime continue de se moquer du milieu du show-business et de la machine à créer (ou broyer) les séries des networks américains, éclipsant un Matt LeBlanc dont la présence devient quasiment superflue.
La saison 3 n’avait pas encore débuté que Showtime la renouvelait déjà pour une quatrième année. Episodes, présentée encore trop souvent comme « la série avec Matt LeBlanc », vole pourtant aujourd’hui de ses propres ailes. Tout comme le scénario de la série qui s’envole, dans le générique un peu kitsch de la série, depuis l’Angleterre jusqu’aux Etats-Unis.
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Une métaphore transparente qui illustre sans peine le synopsis du programme : un couple de scénaristes anglais quitte Londres pour adapter leur série à succès à Hollywood. Seul hic : la série à l’origine est subtile et drôle, alors que l’adaptation qu’en demandent les producteurs américains est grossière, tout comme le jeu de l’acteur principal engagé pour le rôle, Matt LeBlanc.
La consécration aux Golden Globes
La première saison était portée par l’ancien acteur de Friends, quatre ans après l’échec de Joey, le spin-off bâclé qui avait sonné le glas de sa carrière. Revenu en force en 2010, il réussit son comeback en acceptant de se moquer de son image. De quoi ravir les scénaristes d’Episodes qui n’ont pas lésiné sur les références à Friends, à son ancien personnage Joey et même à la réputation « beauf » de l’acteur. Quitte à en faire parfois un peu trop. Qu’importe : Matt LeBlanc remporte le Golden Globe du meilleur acteur dans une série comique en janvier 2012, récompense qu’il n’avait jamais obtenue en dix ans de Friends.
De quoi faire parler d’Episodes, mais pas assez pour qu’elle se hisse, en terme de popularité, au niveau des autres séries de Showtime (Californication, House of Lies, Nurse Jackie…). La chaîne câblée mise tout de même sur le programme, qui est sûrement le plus drôle de sa grille. Si la saison 2 commençait déjà à éclipser Matt Leblanc au profit du couple anglais, Bev et Sean, cette troisième saison confirme l’effacement de l’acteur de 46 ans, qui peine à sortir de son rôle de gentil bouffon un peu limité intellectuellement.
Matt LeBlanc éclipsé par la parodie
C’est un pari risqué qui aurait pu se retourner contre la série. Mais réduire le temps de parole de son acteur le plus connu – et paradoxalement le moins talentueux – du programme est probablement ce qui rend sa troisième saison tellement intéressante.
Bev (Tamsin Greig) et Sean (Stephen Mangan) y occupent 80% du temps de parole des personnages, oscillant entre moments de complicité ridiculement touchants et humour grinçant anglais qui rend la série si unique. A leurs côtés, c’est Kathleen Rose Perkins qui se révèle en tant qu’un des piliers du programme. Son personnage, Carol Rance, est passé de second rôle à outil comique incontournable, à la fois amie des scénaristes, mais obligée, en tant que Numéro 2 de la chaîne qui les engage, de faire preuve de cynisme et d’une langue de bois à toute épreuve.
A l’inverse, Matt LeBlanc reste en retrait et se laisse porter au fil des trois premiers épisodes (sur les neuf que comptera la saison 3), relégué au second plan par un programme qui fonctionne presque mieux sans lui. Car le fond de commerce de Episodes est avant tout la représentation particulièrement cynique que la série fait du monde de la télévision, aussi obscène que réaliste.
« Nous ne sommes pas si créatifs que ça »
Interrogés lors d’un « Press Tour » à la mi-janvier, les cocréateurs Jeffrey Klarik et David Crane ont insisté sur le peu d’exagération dont ils font preuve lorsqu’ils écrivent les scénarios. Les personnages sont trop excentriques pour être vrais ?
« Nous ne sommes pas si créatifs que ça », a confié Klarik, « J’ai travaillé avec un mec qui gardait un pistolet dans son tiroir…. Et il gardait toujours ses rideaux fermés. Pendant un rendez-vous, un cadre de la chaîne a mis sa tête sur mes cuisses en pleurant. »
Ou encore de raconter comment un projet d’une amie, qui voulait adapter en série sa vie d’immigrée indienne élevée par sa mère aux Etats-Unis, a fini par se transformer en « l’histoire de trois mecs noirs qui élèvent une bébé« . A croire que Episodes a encore de la marge avant de tomber dans l’irréalisme.
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