Après n’avoir pas pu se rendre à Berlin et à Cannes, le réalisateur iranien a été retenu en Iran alors qu’il était invité à la 67e Mostra de Venise qui a débuté hier. Il sera jugé fin septembre.
Jafar Panahi ne sera donc pas de la Mostra de Venise. Le cinéaste iranien, privé de passeport par Téhéran, devait présenter son dernier film hier dans la sélection indépendante du festival, Venice Days.
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« On m’interdit de faire des films depuis cinq ans. Quand un réalisateur n’est pas autorisé à faire des films, il est emprisonné mentalement. Il n’est peut-être pas confiné dans une petite cellule, mais il erre cependant dans une prison plus grande », a écrit le cinéaste de 50 ans dans un communiqué publié sur le site du festival.
Plusieurs pétitions à l’étranger
Le réalisateur n’avait déjà pas pu se rendre au dernier festival de Cannes, où il devait siéger parmi les membres du jury. Soupçonné par les autorités iraniennes de préparer « un film contre le régime portant sur les événements postélectoraux » après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009, il avait été arrêté le 1er mars. On lui reprochait aussi son implication dans des manifestations d’opposition.
Son absence au festival de Cannes avait provoqué une mobilisation en Iran et à l’étranger, où une pétition avait été lancée pour réclamer sa libération. « Je tiens à remercier la communauté internationale des cinéastes pour leur soutien généreux durant mon emprisonnement », ajoute-t-il dans le communiqué.
Jafar Panahi a été libéré sous caution le 25 mai après une grève de la faim et attend toujours son procès alors qu’il est immobilisé en Iran (son passeport a été révoqué il y a neuf mois par les autorités). Il sera jugé fin septembre.
« Je crois que tous les soutiens que j’ai reçus venaient d’individus et d’organisations qui croient fermement au cinéma, au droit des cinéastes et à la liberté d’expression. Espérons qu’un jour les gouvernements du monde partageront cette croyance », déclare-t-il.
Un court-métrage sur les Droits de l’Homme
Giorgio Gozzetti, directeur de Venice Days, a immédiatement réagi en annonçant le lancement d’une nouvelle pétition en faveur de Panahi. « Quand on porte atteinte à la liberté de parole d’un cinéaste, le monde du cinéma se doit de faire quelque chose », a-t-il déclaré.
C’est lui qui avait pris l’initiative d’inviter le réalisateur iranien à présenter en première mondiale son nouveau film : un court-métrage de 9 minutes, L’Accordéon. Un sketch intégré à une œuvre collective sur les Droits de l’Homme, coproduite par Arte et Dorje Film. Interdites dans son pays, les œuvres de Jafar Panahi ont souvent été primées en festival (il a notamment reçu le Lion d’Or à Venise en 2000 pour Le Cercle).
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