« On ira, où tu voudras, quand tu voudras », chantait Joe au crépuscule des trente glorieuses. L’été indien de Sarkozy est synchrone avec la météo, globalement pourri, avec les Roms rejouant contre leur gré Cheyenne automne. La rentrée s’annonce chaude bouillante à Sarko City.
Le 7 septembre, le peuple sera dans la rue pour faire flèche de tout bois contre la réforme des retraites et son « travailler plus longtemps pour gagner moins ». Le shériff-adjoint Woerth en charge de la dite réforme n’est pas bien calé sur son cheval. Il pensait avoir fait un peu oublier les casseroles qui tintent derrière sa selle mais c’était une illusion estivale : il ne tournera pas facilement la page grâce à Corinne Lepage, qui a écrit le 11 août au procureur général près de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, lequel envisage de saisir la Cour de justice de la République pour « prise illégale d’intérêt et favoritisme » présumés d’Eric Woerth – soit des soupçons de blanchiment de fraude fiscale pour Liliane Bettencourt et de piston pour l’embauche de Florence Woerth. Si ce Nadal des cours a autant de gnaque et d’endurance que son homonyme des courts, les passing shots vont de nouveau fuser à Sarko City.
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Pour faire oublier l’atonie économique, les collusions entre le sommet de l’Etat et les milieux d’argent et d’affaires, l’incompétence et les tartarinades, rien de tel que la sécurité et les boucs-émissaires. C’est en tirant sur les indiens-roms que les cowboys dirigeant Sarko City entendent ressouder leur population. Mais ça n’a pas pris, surtout quand les discours sécuritaires s’accompagnent d’une baisse substantielle des moyens policiers : les grands journaux étrangers, l’ONU, le pape, les évêques, des ministres d’Etats membres de l’UE, Villepin, Raffarin, sans doute tous « gauchistes milliardaires », ont dénoncé cette politique cynique, immorale et antirépublicaine.
D’ici à 2012, la droite peut imploser à force de concours de dégueulasserie avec le FN, direction un « 21 avril à l’envers ». Un boulevard politique pourrait s’ouvrir pour la gauche de gouvernement, ce que Martine Aubry a bien senti si l’on en croit son discours de clôture de l’université d’été du PS, où enfin, elle dégaine. Mais faire un carton sur la déliquescence politique, économique et morale de la clique actuellement au pouvoir ne suffira pas en 2012, il faudra surtout présenter un programme de gouvernement socialement juste et économiquement crédible. Les Français ne veulent certes plus aller avec Sarko où il voudra quand il voudra, été indien ou pas, mais souhaiteraient surtout retrouver des raisons de croire en la politique et en l’avenir de ce pays. Oui, on aimerait que le mauvais western Sarko s’achève (putain, encore deux ans !), plutôt comme un Ford (les bons gagnent) que comme un Peckinpah (massacre général). Le convoi des braves de la gauche après la horde sauvage de Nico 1er.
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