Boostée par la popularité de Lula, la candidate de gauche pourrait remporter la présidentielle dès le premier tour. Un exploit.
Décidément, le Brésil est le pays des prodiges. Inconnue du grand public il y a encore six mois, Dilma Rousseff, la candidate de Lula, est susceptible de gagner, le 3 octobre, la présidentielle au premier tour. Exploit que son mentor n’a jamais réalisé. La dauphine de Luiz Inácio Lula da Silva est créditée de 51% d’intentions de vote, reléguant son rival José Serra à 24 points. Une progression fulgurante alors que dix jours auparavant, elle le devançait de 11 points et qu’en juin le candidat de centre droit était en tête. La troisième candidate, la Verte Marina Silva, stagne entre 8 et 10%.
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« Pour les politologues, l’enjeu de cette élection résidait dans la capacité de Lula a transférer sa popularité », rapporte Lamia Oualalou, correspondante du Figaro. Après deux mandats et huit années au pouvoir, la Constitution interdit au « petit père du peuple » de se présenter une troisième fois.
A chaque meeting, Lula est là
Chose peu commune pour un politique en fin de mandat, sa popularité est hallucinante : elle frise les 80% d’opinions favorables, dopée par la croissance et le recul de la pauvreté. 78% des Brésiliens jugent « bonne ou excellente » l’action du gouvernement, 18% « normale » et 4% « mauvaise ». « Les Brésiliens veulent la continuité. Serra ne peut pas critiquer Lula alors il se vend comme le meilleur garant de sa politique ! », explique Lamia Oualalou. Mais c’est Dilma Rousseff qui capitalise sur la lulamania, grâce au surinvestissement dans la campagne du chef de l’Etat.
Lula est de chaque meeting et spot télé aux côtés de Dilma à marteler le slogan du Parti des travailleurs (PT) : « Pour que le Brésil continue à changer. » « Dilma est la principale responsable des conquêtes de notre gouvernement, la mieux préparée pour gouverner », répète-t-il. Il assène : « On a fait une première révolution en élisant un ouvrier métallurgiste, on va en faire une deuxième en élisant une femme. » Il fallait bien ça pour booster une candidate à l’image de technocrate et à la réputation de « dame de fer ».
Relooking total pour la candidate
Depuis deux ans, Dilma Rousseff, 62 ans, a entamé un relooking total : chirurgie esthétique, lentilles, tailleurs à la mode. Finie l’apparence austère, aujourd’hui Dilma apparaît tout sourire comme Lula, dont la bonhomie et le naturel ont tant séduit les Brésiliens. En 2009, les médecins de Dilma Rousseff lui diagnostiquent un cancer lymphatique – bénin selon le PT – qui contribue à l’humaniser dans l’opinion.
Cette ex-guérillera, emprisonnée trois ans et torturée sous la dictature, a été ministre de l’Energie avant d’être nommée en 2005 à la tête de la Maison civile – poste de Premier ministre officieux. Elle sera en charge du PAC, colossal programme de grands travaux visant à stimuler la croissance. Selon le FMI, le PIB brésilien croît actuellement presque aussi vite que celui de la Chine, à 8,9 %. Septième puissance mondiale, le pays pourrait dans un avenir proche passer en cinquième position. Dans un pays où la lutte contre la pauvreté tient le haut du pavé, reste à la nouvelle « mère du peuple » à exister politiquement après Lula.
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