Nouveau rendez-vous sur lesInrocks.com : deux fois par mois, toute l’actu des musiques du monde avec Louis-Julien Nicolaou qui, pour ce premier volet et en raison de l’actu, a choisi de se concentrer sur le Mali.
L’indispensable compilation Mali All Stars
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La compilation Mali All Stars vient tout juste de paraître. Edité par MetisRecords, label basé à la fois à Paris et à Bamako, ce coffret de deux CD et un DVD propose un aperçu de l’extravagante richesse de la musique – et de la culture – malienne, en célébrant un haut lieu de Bamako, le studio Bogolan, fondé il y a dix ans par l’immense bluesman Ali Farka Touré (décédé en 2006). Aux côtés de la crème des musiciens maliens (le virtuose de la kora Toumani Diabate, la diva Oumou Sangaré, qui a récemment enregistré un appel à la paix), Djélimady Tounkara et Boubacar Traore, pour ne citer qu’eux), on retrouve notamment Damon Albarn, Björk ou Dee Dee Bridgewater, qui tous ont un jour enregistré dans ce studio. Bien connue du public français, Rokia Traoré, qui vit entre Amiens et le Mali, est également présente, ce qui achève de rendre cette compilation indispensable.
http://www.youtube.com/watch?v=nsgICaBnsyY
Annulation du Festival international au féminin
Vendredi dernier, le 18 janvier, la sixième édition du Festival international au féminin a été annulée, l’Association Kolomba qui l’organisait ayant fait savoir par la voix de sa présidente, la chanteuse Fantani Touré, que cet événement était rendu impossible par la crise traversée par le Mali. Il est en effet très difficile pour les musiciens maliens d’exercer leur métier actuellement. 37 d’entre eux ont néanmoins réussi à se rassembler autour de Fatoumata Diawara dans le studio Bogolan pour enregistrer Mali ko, un hymne à l’unité et à la paix écrit par la jeune femme, et dans lequel se mêlent sagesse, douleur, inquiétude et colère contenue (« Ils veulent nous imposer la charia / Allez leur dire que le Mali est indivisible »). Soutenu par des voix vibrantes, ce propos doit maintenant être entendu, partout, et par tous.
L’âme du Sahara à la Gaïté lyrique
Le Mali est encore à l’honneur le 29 janvier à la Gaîté lyrique, avec une soirée baptisée « Sahara Soul » durant laquelle se produiront le natif de Gao, Sidi Touré, le grand joueur de n’goni Bassekou Kouyaté ainsi que les Touaregs de Tamikrest, explorateurs d’un blues saharien hypnotique et psychédélique. Dans le contexte actuel, cette réunion prend forcément des allures de symbole unitaire. Bon nombre de musiciens maliens et touaregs vivent difficilement dans des camps de réfugiés et ne peuvent plus faire de la musique leur priorité. Le Festival du désert qui se déroule normalement dans la région de Tombouctou en février et qui attire de nombreux étrangers (Robert Plant en est un familier) est également menacé et pourrait ne pas avoir d’édition cette année. Ce qui rend d’autant plus précieuse cette soirée consacrée à « l’âme du Sahara ».
Un claviériste de génie au Festival des voix
Moins médiatisé que son compatriote Salif Keita, le claviériste et arrangeur Cheick Tidiane Seck a longtemps œuvré dans l’ombre des grands musiciens maliens, ce qui ne l’a pas empêché de croiser le fer avec des pointures américaines du calibre de Joe Zawinul, Ornette Coleman, Wayne Shorter et Hank Jones. Il fait partie de la belle sélection du Festival des voix qui se tiendra du 7 au 16 février, à l’Alhambra, et dont on reparlera. Le mois dernier, Cheick Tidiane Seck s’est notamment produit avec Rockin’ Squat (qui vient de sortir Excuse My French Part 1, une compilation de quelques uns de ses featurings) pour un Shoota Babylone au message toujours aussi percutant.
Le bal des vétérans aux Victoires de la musique
La liste des nommés pour les prochaines Victoires de la musique est désormais connue et Vincent Frèrebeau, président de cette noble institution, s’est permis de saluer une « très belle liste, ambitieuse ». Avec les hommages qui seront rendus à Adamo, Sheila et Enrico Macias, on ne peut guère douter effectivement de l’ambiance de dingue dans laquelle va se dérouler la cérémonie du 8 février. Mais côté Musiques du monde, ce sera un peu le bal des vétérans : Khaled, Bumcello, Amadou et Mariam et Salif Keita ont tous déjà été récompensés (respectivement en 1997, 2005, 2006 et 2010). Keita, qui a récemment déclaré être directement menacé par les islamistes (ils sont particulièrement hostiles aux griots), fera peut-être une nouvelle fois, grâce à sa collaboration avec Philippe Cohen Solal (Gotan Project), La différence. En tout cas, il passe en concert le 6 février à l’Olympia et, bonne nouvelle, il reste encore quelques places.
{"type":"Banniere-Basse"}