Joni Mitchell version fado, un festival très alléchant et Vicente Amigo sur un vélo : toute l’actu des musiques du monde décryptée par Louis-Julien Nicolaou.
Le folk canadien rencontre la guitare portugaise
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Joni Mitchell reprise par une chanteuse de fado, l’idée pourrait faire sourire. Mais quand c’est Ana Moura qui se plie à l’exercice, la classe et l’aisance sont de mise. Grâce à elle, c’est tout naturellement que le classique A Case of You de la folkeuse canadienne vient s’alanguir aux accents de la guitare portugaise. Enregistré à Los Angeles et produit par Larry Klein, producteur et ex-mari de Joni, Desfado, le cinquième album d’Ana Moura témoigne d’un bel accomplissement artistique : jazz, folk ou pop, la chanteuse peut désormais aborder tous les domaines sans jamais perdre son identité propre ni dévier complètement du fado. Ana Moura présente son album au Café de la Danse le 9 février.
Rocío Márquez, le flamenco nouvelle génération
C’est l’étoile montante du cante flamenco. Originaire de Huelva, spécialiste des chants du Levant et artiste engagée (en juillet dernier, elle n’a pas hésité à soutenir un groupe de mineurs en chantant à leurs côtés, en bleu de travail, au fond d’un puits de charbon ) Rocío Márquez appartient à la nouvelle génération flamenca, et comme Rosario la Tremendita ou Estrella Morente, elle apprécie aussi bien l’imagerie chromo du flamenco à l’ancienne que les principes musicaux les plus modernes. Son premier album, Claridad propose une série de vignettes dans lesquelles la rudesse originelle du cante est polie jusqu’à le rendre délicat. Ce qu’elle perd en intensité, Rocío le gagne ainsi en joliesse. Mais c’est sur scène qu’il faut absolument l’entendre. Justement, elle se produit au New Morning le 6 février et à la Maison Guy Moquet de La Courneuve le 9. Deux soirées à ne pas manquer.
Vicente Amigo à bicyclette
Du côté des guitaristes, après Pedro Sierra et Gerardo Nuñez, ce sont Tomatito et Vicente Amigo qui vont prochainement sortir de nouveaux disques. Ce dernier a eu la drôle d’idée de partir à la rencontre du groupe de Mark Knopfler pour frotter son toque à des accents celtiques. Une tentative inédite et donc forcément intrigante. Le clip qui en assure la promotion dévoile en tout cas un aspect méconnu du beau ténébreux de Cordoue : son goût pour les promenades à bicyclette.
http://youtu.be/99L07QDwbW4
Nouvel album pour Rokia Traoré
Rokia Traoré a dévoilé cette semaine un extrait de son prochain album, Beautiful Africa, dont la sortie est prévue le 1er avril. Produit par John Parrish (complice de longue date de PJ Harvey), il poursuivra apparemment la mutation amorcée dans le précédent album en mêlant des textes en français et en bambara et des éléments musicaux aussi bien maliens que rock.
Oud et contrebasse
L’une est palestinienne, elle chante et joue du oud. La seconde est française et contrebassiste. Loin des enjolivures pop, c’est dans la plus grande sobriété que Kamilya Jubran et Sarah Murcia ont tissé la musique de Nhaoul’. Grave et chaud, sensuel sans affectation, le fruit de cette rencontre accorde autant d’importance au son qu’au silence, au recueillement qu’à la douleur, au tourment qu’à la sérénité.
Festival Au fil des voix : programmation alléchante
Le duo Jubran-Murcia se produira le 15 février dans le cadre du festival Au fil des voix, dont la cinquième édition parisienne propose une programmation aussi éclectique qu’enthousiasmante. Jeudi 7 février, le concert d’ouverture sera assuré par l’espagnole Silvia Pérez Cruz suivie de la chanteuse israélienne Yasmin Levy, qui a récemment enrichi son inspiration flamenca et séfarade d’orchestrations empruntées à la musique turque. Le lendemain ce seront António Zambujo, puis Amparo Sánchez, chanteuse proche de Manu Chao, qui se produiront à l’Alhambra. Le samedi, l’ambiance devrait être bien chaude avec les prestations du franco-haïtien Carlton Rara et du malien Cheick Tidiane Seck, dont l’album Guerrier vient de sortir. Après de tels concerts, quelques jours de repos seront sûrement nécessaires. D’autant que dès le jeudi suivant, les polyphonies occitanes de Lo Cor de la plana vont secouer l’Alhambra avant de la livrer au rock déjanté de Vinicio Capossela. Le lendemain, le concert de Kamilya Jubran et Sarah Murcia sera suivi de celui de Nishtiman, plus qu’un groupe, un symbole, puisque s’y réunissent des musiciens venus de plusieurs régions du Kurdistan (Iran, Irak et Turquie). Enfin, la soirée de clôture verra monter sur scène des artistes algériens, Houria Aïchi, pour une présentation de son nouveau disque, le très beau Renayate, qui sort le 12 février et dont on reparlera prochainement, et Abdelkader Chaou, maître du chaabi algérois. Une telle programmation ne laisse qu’un seul regret : que cette édition du festival des Voix ne se prolonge pas davantage.
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