Nommée pour la première fois aux Golden Globes pour ses rôles dans la série « Orphan Black » qu’elle porte à bout de bras, Tatiana Maslany est la révélation de 2014. Retour sur le talent hors normes d’une actrice aux mille visages.
Tatiana Maslany n’a pas appris la nouvelle de ses proches. A l’ère des réseaux sociaux, c’est naturellement sur Twitter qu’on lui a annoncé en premier qu’elle était nommée pour le Golden Globe de la meilleure actrice dans une série dramatique. Un comble, alors que la jeune femme est quasiment absente du site, n’offrant pas plus d’une demi-douzaine de gazouillis par mois à ses 50 000 abonnés.
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« Mon portable a commencé à exploser de Tweets. Et puis ensuite, quelques amis m’ont envoyé un sms », précise-t-elle à Vanity Fair.
L’actrice de 28 ans entre dans la compétition pour son rôle dans la série canadienne Orphan Black, diffusée sur BBC America en mars 2013. La première saison de 10 épisodes suit son personnage, Sarah Manning, qui découvre l’existence de plusieurs de ses clones. Epileptique, mystérieuse et haletante, la série a remporté un franc succès auprès du public et de la critique, même si celle-ci a pu lui reprocher un manque d’audace.
Tout le monde s’accorde pourtant sur un point : Tatiana Maslany y est époustouflante. Qu’elle porte la frange ou des dreadlocks, qu’elle joue une dégénérée mentale ou une flic qui abuse des médicaments, l’actrice réussit la prouesse de faire oublier son ubiquité aux téléspectateurs. Une sorte de « schizophrénie fonctionnelle », comme le résume son partenaire à l’écran, Jordan Gavaris, qui incarne son frère d’adoption. « C’est vraiment facile de jouer [mon personnage] différemment en fonction des clones, parce que Tatiana est tellement forte », insiste-t-il.
1h30 par changement entre deux personnages
Il faut dire que l’actrice canadienne n’y est pas allée de main morte pour se glisser dans la peau de ses personnages. Pour chacune d’entre elles, elle a concocté une playlist spécifique qu’elle écoute avant de se mettre dans la peau d’un des clones. Evidemment, quelques chansons ne suffisent pas. Derrière chaque personnage, il y a une heure et demi de coiffeur, maquillage et habillage. Sans parler des accents, que Tatiana Maslany arrive à rendre aussi naturels que les différentes attitudes qu’empruntent ses personnages, grâce au travail qu’elle fait avec un coach spécialisé.
Si Sarah Manning est une orpheline née au Royaume-Uni qui aime lancer des « Oi ! » à tout-va et abuser du mascara, un autre de ses personnages, Alison Hendrix, est une américaine pur jus, mère au foyer qui vit dans une banlieue riche, quasiment coupée du reste du monde. Pour passer de l’une à l’autre (et parfois l’une qui imite l’autre), Tatiana Maslany a beaucoup pioché dans l’improvisation, qu’elle pratique depuis plus de dix ans.
« Ça a toujours fait partie de ma vie. Mes amis et moi, au lieu d’aller à des fêtes, on se réunissaient dans ma cave et on s’amusait à faire de l’impro », confiait-elle en mai 2013.
« Je n’étais pas la personne la plus cool du monde »
C’est en 2002 que l’actrice, alors âgée de 17 ans, fait ses débuts à la télévision canadienne dans la série 2030 CE. Elle y tient un des rôles principaux, la petite génie de l’informatique Rome Greyson, sœur cadette du héros, Hart. Ils se battent ensemble contre un monde post apocalyptique dans lequel les gens ne vivent jamais après 30 ans.
Elle enchaîne ensuite des petits rôles dans le film Les Messagers et dans la série canadienne Heartland avant de décrocher à nouveau un rôle récurrent en 2008 dans la saison 4 de Ma vie de star (diffusée à l’époque en France sur Filles TV). Elle y retrouve un personnage un peu geek légèrement empoté, duquel elle se sent proche.
« C’est un personnage qui m’a touché de près », déclarait-elle en 2008, « ça s’approche de choses que j’ai vécues au lycée : ne pas être la personne la plus cool du monde mais devoir gérer un monde très glamour et accablant [en même temps que le lycée]. »
Snobée par les Emmy Awards
Avec Orphan Black, Tatiana Maslany n’a plus besoin de se demander si elle risque d’être cantonnée aux mêmes rôles dans le futur. Aujourd’hui à Toronto pour le tournage de la saison 2 (qui recommencera le 19 avril), la jeune femme s’amuse à jongler avec les nouveaux rôles que les scénaristes se font une joie de développer pour elle. Pour le grand bonheur des fans, qui attendent de pied ferme des réponses aux mystères soulevés lors de la première saison.
En attendant, ils seront tous devant leur poste de télévision ce soir aux Etats-Unis, pour voir si la jeune femme réussira à battre Julianna Marguiles (The Good Wife), Robin Wright (House of Cards), Karry Washigton (Scandal) et Taylor Schilling (Orange is the new black) pour la 71ème édition des Golden Globes.
Une chose est sûre : sa nomination pour le prix de la meilleure actrice dans un drame est d’ores et déjà considérée comme une étape importante de sa carrière. Récompensée aux renommés Television Critics Association Awards en août 2013, cela ne lui avait pas empêchée d’être snobée aux Emmy Awards en septembre dernier. Mais cette absence avait été tellement critiquée par les fans de la série – qui ont construit une solide communauté sur Internet – qu’elle a poussé les cérémonies de remises de prix à se remettre en question, et sortir de leurs habituelles nominations. Le début d’une nouvelle ère ? Réponse ce soir.
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