Les tribulations de deux New-Yorkais qui veulent lancer leur marque de streetwear, tendance Brooklyn branché.
Même si vous n’avez encore jamais aperçu une seule image de How to Make It in America, le refrain de son générique vous trotte peut-être déjà dans la tête : I Need a Dollar, le tube soul de l’année signé Aloe Blacc, accroche en effet immédiatement quiconque laisse traîner ses oreilles dans les parages. Avec, en fond, les rues de New York shootées par le photographe d’origine serbe Boogie, il pimente le générique très réussi de cette série diffusée depuis le début de l’année sur HBO. Pour autant, un bon générique n’a jamais suffi pour rentrer dans l’histoire de la télé – quoique…Heureusement, sans être une révélation extraordinaire, How to Make It in America possède quelques solides arguments à base de charme et d’une certaine finesse de vue.
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A ses débuts, la série créée par Ian Edelman était décrite comme une version East Coast d’Entourage, la comédie sur Hollywood que produit Mark Wahlberg depuis 2004. L’acteur est ici à nouveau crédité comme producteur en compagnie de Stephen Levinson, son compère de longue date. On retrouve un univers de camaraderie virile et glandeuse, mais la comparaison s’arrête là. How to Make It…, au contraire de Entourage, s’inscrit de plain-pied dans la réalité politique et sociale de l’Amérique en racontant la quête de succès de deux semilosers sympathiques. L’un, Ben, est un Juif de bonne famille qui a dérapé en route et se retrouve vendeur ; l’autre, Cam, est un débrouillard portoricain sans fric mais bourré d’idées. Ensemble, ils décident de monter leur propre marque de streetwear, histoire de grimper dans l’échelle sociale et, accessoirement, d’attirer deux ou trois mignonnes.
Ce programme minimal mais parfois captivant est respecté à la lettre durant les huit épisodes de 26 minutes que compte la première saison. Ce qui est déjà quelque chose. Car derrière ce minimalisme et ce refus des règles implicites de la surdramatisation en vogue sur le petit écran, How to Make It… offre une vue en coupe assez précise de l’ère Obama et montre avec aplomb que si l’espoir revit, les blocages sont toujours aussi nombreux dans l’Amérique de 2010.
La violence sociale ordinaire n’a pas cessé du jour au lendemain. Les héros sont en apparence parfaitement intégrés à la micro société branchouille qui fricote de Brooklyn au Meatpacking District, mais il leur manque toujours une partie du mode d’emploi pour sortir de leur condition. Générationnelle dans le bon sens du terme, How to Make It in America a failli rester éphémère, HBO ayant longtemps hésité avant de lui offrir une deuxième saison… désormais confirmée pour 2011. Sûr qu’on y retrouvera l’une des attractions principales de la série : l’acteur Luis Guzman en parrain semi-repenti du crime organisé. Vu notamment chez De Palma (L’Impasse, Snake Eyes), Paul Thomas Anderson (Boogie Nights, Magnolia, Punch-Drunk Love), Soderbegh (L’Anglais, Traffic) et dans Oz, ce second rôle majeur du cinéma US apporte à la fois sa crédibilité et une dose de décalage ironique. Pile ce qu’il fallait pour continuer à regarder.
How to Make It in America Série créée par Ian Edelman. Tous les mardis sur Orange Ciné Max à 20 h 40
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