En annonçant le 3 janvier que la PMA (Procréation médicalement assistée) ne ferait pas partie de la loi Famille, la ministre de la Famille Dominique Bertinotti a déclenché la colère de plusieurs associations LGBT qui se sont rassemblées lundi près du ministère de la Famille.
La PMA (Procréation médicalement assistée) n’est pas près d’être ouverte aux couples lesbiens. C’est ce qu’a annoncé, en somme, la ministre de la Famille Dominique Bertinotti le 3 janvier sur BFMTV-RMC. A la question de Jean-Jacques Bourdin, « La PMA est-ce qu’elle sera dans la loi Famille ? » Dominique Bertinotti répond : « Non, elle ne sera pas dans la loi Famille. Je le dis très clairement. » Et d’expliquer : « D’abord parce que le président de la République a saisi le Comité consultatif national d’éthique et que celui-ci n’a pas encore rendu son avis, qu’il s’exprimera sur la PMA (…). Et tout ce qui concerne l’adoption, la médiation, le statut du beau-parent, ne peut pas attendre et se soumettre au calendrier du Comité consultatif national d’éthique. »
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Rappelons au passage que la PMA, qui repose sur les méthodes d’insémination artificielle ou de fécondation in vitro, n’est pour l’instant ouverte qu’aux couples hétérosexuels mariés ou “en mesure d’apporter la preuve d’une vie commune d’au moins deux ans”, et dans le but de “remédier à l’infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué ou éviter la transmission à l’enfant ou à un membre du couple d’une maladie d’une particulière gravité.” (voir la loi de 2004 relative à la bioéthique). Sont donc exclus les personnes célibataires et les couples homosexuels.
L’ouverture de la PMA aux couples de femmes a connu plusieurs rebondissements. Faisant partie des engagements pris par le candidat François Hollande au moment de la campagne pour la présidentielle (même si elle ne figurait pas parmi ses “60 engagements” officiels), elle n’a finalement pas figuré dans la loi sur le mariage pour tous. Ni une ni deux, au début du mois de mars dernier, Dominique Bertinotti assurait à l’Assemblée nationale qu’elle ferait partie du projet de loi Famille (“C’est un engagement fort du gouvernement qui a une position claire sur le sujet”, déclarait-elle alors)…. avant que Jean-Marc Ayrault ne la recadre en expliquant qu’il fallait attendre l’avis du Comité national d’éthique prévu pour automne 2013 puis reporté à début 2014. François Hollande a lui aussi déclaré qu’il suivrait l’avis du Comité national d’éthique. Mais, même si ce dernier n’a pas encore rendu son avis, l’ouverture de la PMA a elle été enterrée, déclenchant la colère des associations LGBT.
« On aurait aimé être écoutées »
Lundi soir, les associations Barbi(e)turix, Oui, oui, oui, FièrEs, Gouines comme un camion (suivies entre autres par EELV, le Front de Gauche, Osez le féminisme, les Femen…) ont organisé un rassemblement aux abords du ministère de la Famille afin de réclamer l’ouverture de la PMA aux couples de femmes. Pourtant, Delphine Aslan de FièrEs ne croit pas vraiment au rétropédalage : “On voit bien où ils veulent en venir. Ils ont peur des anti, du Printemps français, ils pensent les calmer avant les municipales. C’est une stratégie électoraliste stupide parce qu’en plus ce n’est pas leur électorat. On n’y croit pas pour tout de suite mais on ne veut pas lâcher l’affaire.” Elle ajoute : « Ils ont considéré que le mariage pour tous était un sucre pour nous calmer. C’est une avancée mais si on ne peut pas adopter, que la filiation n’est pas revue, ce n’est pas une grande avancée.”
Le 25 décembre, l’association FièrEs a fait parvenir à François Hollande, Christiane Taubira, Dominique Bertinotti et la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem des boîtes de chocolats vides accompagnées de la mention “Pas de PMA, pas de chocolat”. Aucune réponse du gouvernement. “On aurait aimé être écoutées”, déplore Delphine Aslan.
Même regret du côté du collectif Oui, oui, oui. Si Marine Romezin admet que l’abandon de l’ouverture de la PMA n’a pas été une grande surprise (“ça a été mis hors de la loi sur le mariage pour tous, donc…”), elle assure : “On s’accroche à ce qu’on nous a promis.” Objectif : “Inciter les parlementaires à faire leur travail, à ne pas toujours suivre le gouvernement.” et faire en sorte que le PS soit de leur côté : “Les conservateurs opposés à la PMA ne voteront jamais PS donc on veut qu’il soit avec nous.” “On est des familles comme les autres. On veut arrêter cette hypocrisie, le fait de devoir traverser la frontière pour avoir la PMA.” Même son de cloche aussi concernant le mariage pour tous, qu’elle qualifie de « victoire amère » : « On avance, mais on ne passe pas la ligne d’arrivée. » Et de filer la métaphore sportive : « C’est un marathon qui nous attend ».
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