Le chef d’orchestre Michael Tilson Thomas atteint l’état de grâce avec trois nouveaux Stravinsky. Chefs-d’oeuvre ! La musique de ballet fut pour Igor Stravinsky un moyen d’expérimenter les ressources inépuisables de l’orchestre symphonique, débarrassé des formes passées (notamment des quatre mouvements obligés de la symphonie du xixème siècle) et des rituels du procédé cyclique. A […]
Le chef d’orchestre Michael Tilson Thomas atteint l’état de grâce avec trois nouveaux Stravinsky. Chefs-d’oeuvre !
La musique de ballet fut pour Igor Stravinsky un moyen d’expérimenter les ressources inépuisables de l’orchestre symphonique, débarrassé des formes passées (notamment des quatre mouvements obligés de la symphonie du xixème siècle) et des rituels du procédé cyclique. A l’orée du xxème siècle, fraîchement débarqué à Paris de sa Russie natale à l’âge de 27 ans, il s’impose déjà avec L’Oiseau de feu, destiné aux Ballets russes de Diaghilev, mêlant la féerie éblouissante et orientaliste de son maître Rimski-Korsakov aux styles raffinés de Debussy et Ravel. Longtemps repris au concert et enregistré sous la forme tronquée de suites d’orchestre, L’Oiseau de feu est plus rare dans sa version complète. Ce n’est que très récemment que des chefs d’orchestre de la stature de Pierre Boulez et Valery Gergiev ont livré leur interprétation de cette première grande partition de Stravinsky, qui la dirigea lui-même un nombre incalculable de fois. L’interprétation démesurée qu’en donne l’Américain Michael Tilson Thomas est comparable à une parade de cirque, colorée et bruissante, où notre regard ne serait pas assez vaste pour embrasser tous les numéros.
Une profusion, un ravissement et une exaltation que l’on retrouve naturellement dans sa version du Sacre du printemps, monumental chant de la terre de plus d’une demi-heure où se bouscule une kyrielle d’hymnes d’inspiration folklorique, absorbés, transcendés par l’harmonie et l’orchestration de Stravinsky « Je suis le réceptacle à travers lequel Le Sacre a passé », se plaisait-il à dire.
Une orgie de rythmes sauvages dont se repaît Michael Tilson Thomas qui, comme à son habitude, accorde une attention particulière au moindre détail de la musique afin d’en dégager l’extraordinaire transparence, la si forte lumière. Michael Tilson Thomas a atteint un tel état de grâce que tout ce qu’il touche, interprète et enregistre se transforme en or. Une nouvelle preuve ? L’angélisme nacré, préraphaélite, qu’il instille dans ce mélodrame à redécouvrir qu’est Perséphone sur un texte d’André Gide (1934), pour récitante, ténor, choeur mixte, choeur d’enfants et orchestre. Le chef d’orchestre situe finement cette partition entre l’évanescent Martyre de saint Sébastien de Debussy (1911) source cachée et vraisemblable de Perséphone , et le hiératique Oedipus Rex, écrit sept ans plus tôt par le même Stravinsky.
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Igor Stravinsky, L’Oiseau de feu, Le Sacre du printemps, Perséphone, récitante Stephanie Cosserat, ténor Stuart Neill, San Francisco Girls, Chorus & Symphony, direction Michael Tilson Thomas (coffret de 3 CD RCA-BMG)
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